Il y a tout juste un an, le 16 mars 2020, devant la progression de l’épidémie en France, le président de la République déclarait aux Français : « Nous sommes en guerre ». Bien entendu, toute guerre suppose des victimes. Dès février 2020, les patients suspects de cette nouvelle maladie arrivaient aux urgences, dans les services hospitaliers, dans les cabinets de ville ; certains allaient en réanimation. Ils étaient amenés par le SAMU, les pompiers, les ambulanciers. Les EHPAD furent rapidement concernées.
Tous ces personnels de santé (médecins, infirmières, aides-soignantes, pompiers, brancardiers, ambulanciers,…) situés en première ligne, prenaient en charge des patients atteints ; ils n’avaient peu ou pas de protection (manque de masques, de sur- blouses, de solution hydro-alcoolique,..), au risque d’être contaminés, au péril de leur vie, que certains l’y ont d’ailleurs laissée ! Ils étaient montés au front « la fleur au fusil », s’exposant à l’ennemi : le Covid-19. Certes, on les applaudissait le soir à 20 heures en les remerciant : prodigieuse attention mais certains sont morts au combat.
Ne LES oublions pas ! Ne faut-il pas inscrire sur une stèle le nom de ceux que l’on aurait appelés « Morts pour la France » après la Grande Guerre, inscription gravée sur les monuments aux morts. Sur certains de ceux-ci, figurent aussi les noms de personnels de santé.
Place Aristide Briand à Reims, il existe un monument unique en France, érigé en 1924, rendant hommage aux infirmières de la première guerre mondiale « tombées sous le feu ennemi ».
Le 8 mars 2021, une cérémonie du souvenir a eu lieu au monument aux morts de la ville de Villejuif, sur lequel a été gravé le 2 mars le nom de trois infirmières, décédées en 1918 de la grippe espagnole après avoir prodigué des soins aux soldats à l’hôpital Paul Guiraud durant toute la guerre 14 -18 : cela participe au travail du devoir de mémoire car ces infirmières avaient été oubliées.
En 1936, non loin du pavillon Roentgen à l’hôpital St Georg de Hambourg, était inauguré une colonne portant le nom de 159 victimes dont la mort pour cause d’irradiation avait été certifiée. En 1959, 191 victimes furent ajoutées à cette première liste. 65 noms y sont inscrits pour la France, pays ayant été le plus touché. Sur cette colonne dédiée « Aux martyrs des radiations » figure la dédicace : « Aux radiologues de toutes les nations : médecins, physiciens, chimistes, techniciens, laborantins et infirmières qui ont fait don de leur vie dans la lutte contre les maladies de l’humanité. Ils ont héroïquement préparé la voie à une utilisation efficace et dépourvue de dangers des rayons X et du radium ! Les œuvres des morts sont immortelles. »
Ne voilà t-il pas une belle idée d’épitaphe dans l’esprit de ce qui pourrait être inscrit sur un monument dédié aux personnels de santé morts du Covid-19 dans l’exercice de leur mission auprès des patients qu’ils prenaient en charge. Cela mérite d’être inscrit au titre de la mémoire de la France reconnaissante. Ainsi, Monsieur le président de la République, la France ne pourrait-elle pas prendre une telle initiative et on pourrait imaginer le concours d’une souscription publique pour financer un tel monument dont le lieu de son implantation resterait à définir mais l’essentiel est qu’il puisse exister pour que l’on ne LES oublie pas.
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Exergue : On pourrait imaginer le concours d’une souscription publique pour financer un tel projet
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