Chaque hiver, près d’un tiers des nourrissons de moins d’un an souffrent de bronchiolite aiguë. Cette infection potentiellement, mais rarement, grave est source d’inquiétude parentale et médicale, cette inquiétude pouvant expliquer des prescriptions excessives de traitement médicamenteux et le recours prépondérant en France à la kinésithérapie respiratoire.
-› Une méta-analyse Cochrane, portant sur trois essais randomisés et publiée en 2005, avait déjà montré, en cas de bronchiolite, l’absence de différence statiquement significative sur l’évolution de la sévérité du tableau, celle de l’hospitalisation et celle de l’oxygénothérapie entre les groupes d’enfants traités et non traités par une kinésithérapie respiratoire. Cependant, la méthode de kinésithérapie étant différente (accélération du flux expiratoire avec toux provoquée en France, percussion thoracique et drainage postural en pays anglo-saxon), ces données n’étaient pas transposables à la France.
-› La « kinésithérapie à la française » vient d’être évaluée par une équipe parisienne sur 496 nourrissons hospitalisés pour une bronchiolite aiguë dont les résultats ont été publiés dans la revue Exercer (1). Deux groupes d’enfants ont été constitués à raison de 3 séances quotidiennes de soins d’une durée équivalente : un groupe recevait des soins de kinésithérapie respiratoire tandis que l’autre recevait uniquement des soins de désobstruction nasale. L’étude avait pour objectif principal de déterminer le délai d’amélioration des symptômes, en prenant en compte, notamment, le non-recours à l’oxygénothérapie, la disparition de la gêne respiratoire, la fréquence respiratoire et la saturation en oxygène.
-› Il n’y a pas eu de différence significative entre les deux groupes sur ce critère de délai d’amélioration des symptômes : délai moyen de 2,31 jours sans kiné et de 2,02 jours avec kiné (p= 0,33). À noter qu’il a été relevé davantage d’effets indésirables comme des vomissements et des épisodes de détresse respiratoire transitoire dans le groupe recevant la kinésithérapie. La perception parentale sur le degré de confort de leur enfant a été comparable dans les deux groupes.
-› Ces données semblent démontrer l’absence d’intérêt de la kinésithérapie à la française, et indiquent même qu’elle serait plus délétère qu’utile ; il faut cependant rappeler qu’il s’agit d’une étude réalisée en milieu hospitalier et il est hasardeux de transposer ces résultats aux soins ambulatoires. Une étude en ville reste à réaliser sur les nourrissons atteints de bronchiolite légère à modérée, les uns recevant de la kinésithérapie respiratoire, les autres non.
-› Il n’est pas inutile de rappeler que le traitement d’une bronchiolite repose essentiellement sur les soins de support - désobstruction rhinopharyngée, hydratation régulière, couchage sur plan incliné à 30°, adaptation de l’environnement - et que les traitements médicamenteux (bronchodilatateur, anticholinergiques, corticothérapie) n’ont pas d’utilité.
1- Louveau V. Traitement de la bronchiolite : se passer de kinésithérapie respiratoire ? Exercer 2012 ;101 :87-91
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