Le Covid-19 a joué les trouble-fête mais, après six mois de retard, les consultations pour une éventuelle prescription de cannabis thérapeutique vont démarrer. Les premiers patients seront inclus d’ici au 31 mars, dans ce qui ne constitue pas un essai clinique mais une expérimentation de 24 mois, dont le double objectif est « d’évaluer la faisabilité du circuit de mise à disposition du produit, et de recueillir les premières données françaises sur l’efficacité et la sécurité du cannabis dispensé dans un cadre médical », a rappelé Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lors d’un atelier presse le 4 mars.
→ L’expérimentation doit inclure 3 000 patients (enfants compris). Au final, ils seront sans doute un peu plus nombreux, puisque si l’un d’eux interrompt l’expérimentation, pour mauvaise tolérance par exemple, il pourra être remplacé.
→ Seules cinq indications (assez larges) rendent éligible au cannabis thérapeutique : épilepsies sévères pharmaco-résistantes ; douleurs neuropathiques réfractaires ; symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements ; soins palliatifs ; et enfin spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du SNC. Sa prescription n’est envisageable qu’en deuxième ou troisième intention, après échec des autres traitements, médicamenteux ou non. Elle sera faite sur ordonnance sécurisée pour 28 jours maximum, renouvelable, et assortie d’une attestation autorisant le patient – par ailleurs interdit de conduite automobile – à en transporter.
→ La sélection des patients et la primo-prescription relèvent exclusivement de l’un des 200 centres de référence (centres de traitement de la douleur ou services hospitaliers) retenus par l’ANSM. Les médecins traitants pourront y adresser des patients dont ils pensent qu’ils pourraient bénéficier de ce type de traitement. Ces patients devront se soumettre régulièrement à des consultations dites « complexes » dans leur centre de référence.
→ Les généralistes volontaires pourront aussi, à la demande des patients, assurer les consultations dites « simples » de suivi et de renouvellement en ville. Une condition incontournable : intégrer le registre national de recueil de suivi des patients de l’expérimentation, où sont renseignées les données à chaque dispensation. Il faudra obligatoirement avoir validé la formation en ligne de 2 h 30 élaborée par l’ANSM. Cette formation, pour l’instant réservée aux médecins des structures de référence et aux pharmaciens hospitaliers, s’ouvrira progressivement (dans la limite de 4 500 accès au total) aux médecins et pharmaciens de ville volontaires dont un patient est inclus dans l’expérimentation.
→ Le cannabis utilisé pour l'expérimentation sera mis à disposition par les fournisseurs choisis, sous forme d’huile par voie orale, ou de fleurs séchées inhalées par vaporisation avec un dispositif dédié. Considérant les risques pour la santé, l’ANSM a exclu formellement la voie d’administration fumée pour le cannabis médical.
Claudine Proust
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