Repères patient

Constipation chronique : un contrôle sphinctérien

Publié le 13/01/2012
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Insatisfaction lors de la défécation et/ou difficulté à exonérer, la constipation chronique est à l'origine de plaintes fréquentes en consultation, souvent difficiles à traiter

"Mme. D., 56 ans, souffre depuis toujours de constipation chronique malgré la prise de nombreux traitements laxatifs. Aujourd'hui, elle consulte car elle n'a pas été à la selle depuis plus d'une semaine..."

Une prévention dans l'enfance

« Les patients constipés chroniques sont dans la rétention et la maîtrise, parfois depuis très longtemps... » témoigne le Dr Annie Catu-Pinault, généraliste enseignante et présidente de l'Atelier Français de Médecine Générale (AFMG). « Une maîtrise qui prend souvent racine dans la petite enfance avec l'apprentissage de la propreté qui a pu donner lieu à des conflits intenses... » poursuit-elle. D'où l'importance, en prévention, d'apprendre aux enfants à être à l'écoute des besoins de leur corps (et leurs intestins) et de les satisfaire dès que possible pour ne pas les conditionner à se retenir trop longtemps.

Un diagnostic à clarifier

« La constipation est un désordre digestif complexe qui correspond à une insatisfaction lors de la défécation... » explique la Société Nationale Française de Gastroentérologie (SNFGE) dans ses recommandations sur la constipation chronique**. Un diagnostic à clarifier donc auprès du patient en lui demandant ce qu'il entend par « constipation » et quel est le symptôme le plus invalidant pour lui.

Selon la SNFGE, la constipation est définie par des critères diagnostics simples : moins de trois selles par semaine, selles dures ou difficiles à évacuer depuis au moins six mois. Mais au-delà de cette définition, le vécu d'une constipation chronique pour le patient est douloureux, source d'angoisses et de sensations digestives désagréables comme celle d'un trop plein abdominal dont il faut accuser réception.

Entre réassurance et vérification

Même si une pathologie organique n’a pas été diagnostiquée au départ, il est nécessaire de vérifier régulièrement si cette constipation ne masque pas un substratum organique qui est apparu entretemps (cancer, MICI...). Toute modification de la symptomatologie digestive doit donc être signalée au médecin par le patient (sang, glaires, douleurs nocturnes…) pour qu’il évalue la nécessité ou non de demander des investigations complémentaires. Mais il ne faut pas pour autant angoisser inutilement le patient par des vérifications trop répétées qui ne sont pas en elles-mêmes sans risque et un équilibre est à trouver entre réassurance et vérification.

Éducation thérapeutique

Il appartient au médecin traitant d’éduquer son patient dans la prise en charge au long cours de sa constipation chronique à travers divers conseils hygiéno-diététiques : exercice physique régulier (marche en particulier) pour favoriser et réguler la motricité intestinale, bonne hydratation, éviter certains aliments favorisant la survenue de fermentation et de gaz. Enfin il faut prendre en compte la prise de médicaments qui constipent (psychotropes...) et rechercher la prise intempestive de laxatifs, en particulier en automédication, pour proposer d’autres alternatives. Mais « la réticence au changement est parfois grande chez certains patients comme s'il y avait un bénéfice secondaire et/ou une ambivalence à cette lutte pour retenir/expulser ces petits bouts de soi... » conclut le Dr Catu-Pinault.

*Recommandations pour la pratique clinique dans la prise en charge et le traitement de la constipation chronique de l'adulte, SNFGE, décembre 2007.
Dr Jean-Pierre Rageau

Source : lequotidiendumedecin.fr