Dans le cadre du Covid-19, une classe spécifique de médicaments attire actuellement l’attention de spécialistes et chercheurs : il s’agit des anticorps monoclonaux anti-CD20 (qui ciblent l’antigène CD20 se situant à la surface des lymphocytes B). Ces molécules (rituximab et ocrélizumab) sont principalement indiquées dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), le lymphome non hodgkinien, la leucémie lymphoïde chronique et la sclérose en plaques (SEP). « Elles posent question car plusieurs études (dont celle parue dans Jama Neurology de mars 2021) ont montré que des personnes prenant ces traitements présentent un léger surrisque de développer une forme grave de Covid-19, mais présentent aussi une moins bonne réponse aux vaccins anti-Covid » a expliqué, à l’occasion de la Journée mondiale de la SEP (30 mai), le Pr Jean Pelletier, chef de service de neurologie à l’hôpital de la Timone (AP-HM, Marseille) et président du comité médico-scientifique de la fondation Arsep (Aide à la recherche sur la SEP).
Les anti-CD20 favoriseraient les formes graves de Covid
Les anticorps anti-CD20, qui peuvent être prescrits en première ou deuxième ligne dans la SEP, sont efficaces sur la baisse de la fréquence des poussées et le blocage de l’inflammation. Mais la découverte d’un léger surrisque de développer une forme grave du Covid avec ces médicaments, qui a été observé pas seulement chez des patients traités pour une SEP mais aussi chez ceux traités pour une polyarthrite rhumatoiïde, nécessite d’approfondir certaines données sur ces médicaments, particulièrement en période de pandémie.
Un vaccin moins efficace ?
Concernant la problématique du vaccin, le Pr Pelletier précise que très tôt, la question s’est posée : « Les anti-CD20 ciblant les lymphocytes B qui sont à l’origine de la production des anticorps, il était légitime de s’interroger sur la réponse immunitaire engendrée par les vaccins anti-Covid quand ce type de médicament est pris… Des travaux récents, dont ceux portant chez des patients touchés par une PR sous anti-CD20, ont montré que, comparée à des patients sous d’autres traitements, la réponse immunitaire liée à la vaccination est moins bonne. »
Pour avoir une réponse plus précise sur ce point, il faudra attendre les résultats de l’étude Cov-Popart actuellement conduite par l'Inserm. À partir d’une cohorte de plus de 10 000 personnes, ce travail évaluera l'effet de la vaccination contre le Covid chez des patients traités pour un cancer, une maladie rénale, un diabète, une SEP, etc. Cette étude longitudinale permet d’évaluer l’effet de la vaccination – dont la réponse immunitaire, sur 48 mois. Au total, 600 patients touchés par une SEP, dont certains sous anti-CD20, seront inclus dans cette étude, dont on devrait avoir les premiers résultats fin 2021.
En pratique, pour l'heure, ces données ne remettent pas en cause l'indication de ces médicaments dans la SEP indique le Pr Jean Pelletier qui précise : « on fait en sorte d'effectuer la vaccination anti-Covid avant de débuter le traitement par anti-CD20 ».
Mais à côté de ces questions spécifiques liées aux anti-CD20, le Pr Pelletier tient à rassurer : « De manière générale, des données établies à partir de patients français, italiens et américains montrent que la SEP ne constitue pas un facteur de risque d’une forme grave du Covid. Concernant les traitements immunosuppresseurs – autres que les anti-CD20 – utilisés dans cette maladie, ils ne prédisposent pas à développer une forme grave de Covid. »
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