Herpès génital

Des répercussions sur la sexualité et la grossesse

Publié le 28/01/2011
Article réservé aux abonnés

Touchant à la sphère génitale et à la sexualité, l’herpès génital est fréquemment vécu dans la culpabilité du fait de son appartenance aux infections sexuellement transmissibles (IST). Il constitue en effet une menace potentielle pour la sexualité du fait de ses récurrences et de sa contagiosité, mais aussi pour une grossesse éventuelle.

« Mme. P., 35 ans, souffre d'un herpès génital depuis plusieurs années qui constitue un frein à sa sexualité avec son mari. Elle envisage une grossesse et s'inquiète d'une possible contamination de son futur bébé... ».

Un diagnostic qui suscite la culpabilité

Les connaissances sur l’herpès génital sont très variables d’un patient à l’autre. Mais globalement, l’herpès génital est associé aux IST (Infections Sexuellement Transmissibles) compte tenu de sa localisation et de son mode de transmission. Sa survenue suscite donc souvent, de la culpabilité du fait de ses répercussions potentielles sur la sexualité, et - chez la femme - sur la grossesse et l’accouchement. Une culpabilité que le médecin doit entendre et qui constitue parfois un frein pour une bonne communication au sein du couple. L’information à délivrer sur cette IST doit partir du pré requis de la patiente ou du patient sur cette infection pour que les explications et les conseils de prévention répondent bien aux questions qui se posent à chacun. Enfin, l’existence de nouveaux antiviraux efficaces dans cette pathologie et les mesures qui peuvent être prises pendant une grossesse et l'accouchement pour éviter la contamination du nouveau-né (voir encadré) sont des informations qui sont susceptibles, chez le patient, de dédramatiser le diagnostic d’herpès génital.

Le couple en question

L’annonce d’un diagnostic d’herpès génital soulève plusieurs questions : « Qui m’a contaminé(e) ? », « Comment a-t-il (elle) pu me transmettre ce virus ? », « Suis-je contagieux (se) ? ». Autant de questions qu’il n’est pas toujours facile de formuler devant un médecin car elles touchent au tabou de la sexualité et à l’intime. Au médecin de tendre des perches voire de prendre l’initiative pour apporter des réponses claires à ces questions. La réponse à « Qui m’a contaminé » est parfois évidente si le partenaire est régulier. Mais celle sur le comment de la transmission du virus fait peser la suspicion de l’infidélité pour le partenaire. Au médecin d’aborder ce volet de la vie affective de ses patients dans le souci d’une prévention de la transmission du HSV1 ou 2 aux partenaires réguliers ou occasionnels.

Une sexualité à la merci des récurrences

Peur de contaminer son partenaire, peur de la douleur et des récurrences : l’herpès génital a des répercussions sur la sexualité pour trois personnes sur cinq l’ayant contracté et sur la vie de couple pour près d’une personne sur deux (données HAS*) . D’où l’importance d’informer sur les modes de contamination. Entre 15 et 40 % des herpès génitaux seraient imputables à HSV1, c'est-à-dire au virus retrouvé dans les formes oro-faciales. Le virus a alors été transmis suite à des pratiques sexuelles orogénitales. Mais en général (dans 60 à 85 % des cas d’herpès génitaux), c’est le HSV2 qui est retrouvé et la contamination survient majoritairement au cours d’une relations sexuelle qui a lieu lors de l’excrétion virale qui dure deux à quatre jours lors des récurrences et jusqu’à vingt jours lors d’une primo-infection. Le risque de transmission du virus au partenaire est donc important dans ces périodes, d’autant plus que le port du préservatif ne protège pas totalement du fait d’une contamination cutanéo-muqueuse de ce virus.

* Prise en charge de l’herpès cutanéomuqueux chez le sujet immunocompétent, Haute Autorité de Santé (HAS), décembre 2001
Dr Jean-Pierre Rageau

Source : Le Généraliste: 2550