1 - De quoi parle-t-on ?
Le refus scolaire anxieux (RSA) est un trouble anxieux directement associé à la vie scolaire. Bien que fréquent, ce trouble n’est pas inscrit en tant que tel dans le DSM-5.
Il associe une angoisse excessive liée à l’école et une souffrance manifeste chez l’enfant ou l’adolescent. Il en résulte un absentéisme scolaire total ou partiel, parfois compliqué de comorbidités type dépression ou troubles psychosomatiques. Le RSA ne relève pas d’un refus à proprement parler mais d’une incapacité réelle, conséquence d’une souffrance évoluant à bas bruit. Malgré un investissement scolaire parfois important, le jeune finit par ne plus pouvoir se rendre en cours.
L’évolution dépend du délai de prise en charge et s’aggrave si la souffrance s’installe.
Autrefois nommé phobie scolaire, le terme a évolué pour dépasser la notion uniquement phobique et désigner aujourd’hui un syndrome transnosographique, à cheval entre les phobies, le trouble anxieux généralisé, l’anxiété sociale et le trouble panique.
2 - Quand y penser ?
Les prémices du refus scolaire anxieux sont souvent silencieux.
Certains symptômes annonciateurs doivent alerter : insomnie, symptômes somatiques survenant les jours d’école, attaques de panique, troubles alimentaires, etc.
Un RSA doit être évoqué devant tout élève exprimant sa difficulté à se rendre à l’école, que ce soit ponctuellement ou de façon persistante.
Tous les âges sont concernés, de la maternelle à l’université, même si la prévalence est plus élevée au collège et au lycée..
3 - Attention à l'arbre qui cache la forêt
Classiquement associé aux troubles anxieux, le RSA peut aussi être un symptôme d’autres troubles non diagnostiqués. Parmi ces troubles, on retrouve les troubles neuro-développementaux (dys, TDA/H, troubles du spectre autistique), le stress post-traumatique ou encore les troubles de l’humeur (comme la dépression).
D’autres facteurs favorisants comme l’anxiété de séparation, l’hypersensibilité ou la maladie d’un parent peuvent également être impliqués.
L’histoire scolaire doit être explorée, notamment la question du harcèlement, fréquent en milieu scolaire.
Une anamnèse détaillée, complétée par une évaluation psychiatrique (qui pourra conduire à un bilan neuropsychologique, psychomoteur ou orthophonique) permet de repérer ces comorbidités et d’adapter la prise en charge.
4 - Faut-il forcément mettre l'école en pause ?
À l’instar du burn-out, le refus scolaire survient après une surcharge mentale entraînant un blocage, partiel ou total. Il importe d’écouter le jeune sans renforcer la pression déjà vécue.
Lorsqu’il est repéré en amont, une écoute attentive et la correction de facteurs contributifs (harcèlement, pression scolaire, etc.) peuvent suffire.
En cas de blocage avéré ou de souffrance sévère, une pause scolaire d’au moins deux semaines est indispensable, associée à un suivi psychologique ou psychiatrique.
Cette pause doit permettre un repos psychique, une évaluation, un suivi médical et paramédical, ainsi que la mise en place d’aménagements scolaires en vue de la reprise (Apadhe, emploi du temps adapté, Cned, etc.).
La reprise (aménagée ou non ) doit être accompagnée et favorisée le plus rapidement possible. Plus elle survient tôt, meilleur est le pronostic.
5 - Quel protocole thérapeutique ?
Il n’existe pas de protocole thérapeutique unique pour le RSA, du fait de la diversité des causes sous-jacentes.
Le suivi se fait en ambulatoire, voire en hôpital de jour (dans des unités spécialisées), plus rarement en hospitalisation complète.
La prise en charge est multidisciplinaire et repose sur quatre principes : correction des causes identifiées, repos scolaire et aménagements, traitement des comorbidités, accompagnement vers la reprise scolaire via un suivi psychothérapeutique.
Les thérapies cognitives et comportementales sont les plus efficaces pour la gestion de l’anxiété et la reprise scolaire. Les thérapies familiales, et en particulier les thérapies multifamiliales, suscitent également un intérêt croissant et sont déjà proposées dans certaines équipes spécialisées.
Les traitements médicamenteux peuvent parfois être utiles mais jamais seuls ni en première ligne. Les IRS - notamment la sertraline - sont les plus fréquemment prescrits, en cas de syndrome dépressif ou de troubles anxieux marqués (TOC, anxiété généralisée, trouble panique).
Bibliographie :
Maynard et al. Treatment for School Refusal Among Children and Adolescents: A Systematic Review and Meta-Analysis. Res Soc Work Pract. 2015
Harf A et alUne nouvelle proposition de soins pour les refus scolaires anxieux à l’adolescence : la thérapie multifamiliale. La psychiatrie de l'enfant, 2022
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