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Sommes nous si sûrs de nos décisions en matière de soins ?

Publié le 23/04/2010
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En 2010, un groupe d’experts internationaux de l’OMS ont identifié 23 thèmes majeurs pouvant faire avancer la recherche dans le domaine de la sécurité du patient et des soins médicaux peu sûrs (SMPS). Trois catégories émergent de leur analyse : les facteurs structurels, les processus et les résulats.

-› Parmi les facteurs structurels contribuant à des SMPS, les ruptures dans la continuité den soins, qui affectent surtout les systèmes complexes comme ceux représentés par l’hôpital, représentent une cause très importante. L’insuffisance de personnel médical, la pression exercée par le rythme de travail, la mauvaise communication, la fatigue et la distraction sont également des facteurs importants. Un autre facteur est représenté par l’absence de culture de sécurité avec en particulier la peur d’être blâmé en cas d’erreur. Enfin toutes les interfaces entre l’homme et la machine (le facteur humain) peuvent être à l’origine des SMPS.

-› En ce qui concerne les processus, les auteurs expliquent que les mauvais diagnostics représentent une cause majeure, non suffisamment étudiée, d’erreurs médicales. Ainsi, 10 à 15 % des diagnostics médicaux seraient incorrects. L’absence de suivi des examens de laboratoire représente une autre cause de SMPS : les résultats d’examens, même parmi les plus attendus, ne seraient pas consultés dans la moitié des cas. Dix à 30 % des médicaments vendus au niveau mondial seraient contrefaits et il est probable que des centaines de milliers de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de l’utilisation de ces médicaments (la substance active est absente ou différente comme par exemple des antidépresseurs vendus comme antirétroviraux). L’OMS estime que sur les 16 billions d’injections réalisées chaque année dans le monde, plus de 40 % le sont avec des seringues et des aiguilles réutilisées et non stérilisées.

-› Dans la catégorie résultats, les auteurs estiment qu’entre 7,5 % et 10,4 % des hospitalisations sont dues aux seuls médicaments et qu’elles pourraient être évitées dans 28 à 56 % des cas. L’appareillage médical représente une autre cause substantielle de lésions pour les patients. Rien qu’aux USA, on estime que chaque année il survient 1 million d’événements indésirables en rapport avec les dispositifs médicaux. Il est probable que dans les pays en voie de développement, le problème est encore plus important dans la mesure où la maintenance de ces dispositifs est peu assurée. Sans surprise, la chirurgie et l’anesthésie représentent également une cause importante de SMPS. Aux USA, on estime que les événements indésirables en rapport avec la chirurgie représentent 48 % de l’ensemble des événements indésirables et pourraient être prévenus dans la moitié ou les trois quarts des cas. Les infections nosocomiales constituent le lot de 5 à 10 % des patients hospitalisés dans les pays développés et 25 à 40 % dans les pays en voie de développement. Enfin, les produits sanguins représentent une autre importante source d’infections dans les pays en voie de développement puisque 5 à 15 % des contaminations HIV seraient dues à des produits sanguins dangereux. Les produits sanguins sont également responsables de la transmission des hépatites B et C, de la syphilis, du paludisme, de la maladie de Chagas et de la fièvre du Nil.

-› Aux auteurs de conclure que les SMPS sont extrêmement répandus et représentent un poids très lourd pour les économies des pays, que la majorité des études proviennent des pays développés et que d’une façon générale, beaucoup de données sont encore à recueillir, en particulier, celles concernant les soins primaires et les pathologies chroniques.

Dr Linda Sitruk, d’après l’article du Dr Jean Brami publié sur le site de la HAS. DPC & Pratiques - EPP infos - n°44. Avril 2011 « Développer la recherche sur la sécurité du patient »

Source : Le Généraliste: 2524