Migraines

Un diagnostic à débusquer

Publié le 24/09/2010
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Souffrir de migraines n'est pas une fatalité. Elles peuvent être soulagées aujourd'hui, malgré la difficulté à débusquer ces pathologies neurologiques chez de nombreux patients.

« Mme D., 40 ans, souffre de migraines depuis des années malgré la prise régulière de traitements de fond. Je la vois aujourd’hui en visite à domicile. Elle est en larmes car elle n’a pas pu aller travailler tellement elle souffre… »

Idées reçues et fatalisme

« Selon des études françaises, 30 à 45 % des migraineux n’ont jamais consulté pour leurs migraines, ignorent leur statut de migraineux et les possibilités de prise en charge existantes. Cet état conduit à une automédication importante de la part de ces patients au moment de leurs crises… » prévient l'HAS dans ses recommandations 2002. Pourquoi ce fatalisme face à la douleur migraineuse ? En fait, de nombreuses idées fausses circulent au sujet de la migraine, comme « ça passera à la ménopause, c’est à cause des dents, des sinus ou de la vésicule, il y a rien à faire car c’est familial, ma mère en souffrait déjà… ». Bref, autant de « mauvaises » raisons pour ne pas consulter.

Une évaluation du handicap

La fréquence des crises (2 ou plus par mois chez 42 à 50 % des patients), leur durée, leur intensité, les signes d'accompagnement (nausées, vomissements, photophobies…) et le retentissement au quotidien font pourtant de cette maladie neurologique une pathologie handicapante pour la plupart des patients. Aussi, est-il utile d'abord de débusquer la maladie à l'occasion d'une consultation en faisant préciser les caractéristiques des céphalées (critères de la migraine avec ou sans aura, recommandations HAS), puis en évaluant le handicap au quotidien : agenda des crises, questionnaire HIT-6 sur la qualité de vie (répercussions sur les tâches ménagères, le travail, les études, les activités sociales…).

Un effet placebo puissant

Au-delà des traitements de fond et de la crise de migraine, il faut compter aussi sur la pédagogie du médecin pour que le patient puisse bien gérer son traitement de lui-même. Il faudra par exemple faire comprendre au patient l’importance de traiter précocement la crise avec un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) et si l'AINS n'est pas efficace au bout de deux heures ou en cas d'intolérance, de prendre un triptan (recommandations HAS 2002). Les traitements de fond seront aussi abordés, en expliquant en particulier ce que l'on peut en attendre en termes de réduction de la symptomatologie migraineuse. Ces consignes peuvent participer à la manifestation de l'effet placebo qui se retrouve à hauteur de 50 % dans cette pathologie. Par ailleurs, il est souvent utile de préserver une régularité des rythmes de vie car l'évolution des crises est très influencée par ces variations. Enfin, il existe une comorbidité importante chez ces patients associant troubles anxiodépressifs et psycho-comportementaux (difficultés d'affirmation de soi ou d'expression de la colère).

Dr Jean-Pierre Rageau

Source : Le Généraliste: 2536