Depuis fin 2010 et la mise en place du nouveau plan national de lutte contre le sida (1), les généralistes sont appelés à proposer de façon systématique un test de dépistage du VIH à tous leurs patients âgés de 15 à 70 ans et ce indépendamment de toute notion de risque d’exposition au VIH.
Préconisée par la Haute Autorité de santé dès 2009 (2), cette stratégie devrait permettre de limiter le nombre de patients infectés sans le savoir par le VIH (environ 50 000 en France), avec un rapport coût efficacité jugé favorable.
Pourtant, dans la pratique ce dépistage de masse peine à s’imposer avec des réticences de la part des praticiens mais aussi certains doutes côté patients comme en témoigne une étude présentée récemment dans la revue Exercer (3).
› Ce travail s’est intéressé spécifiquement aux freins et aux motivations des patients vis-à-vis du dépistage de masse du VIH en soins primaires.
Il s’agit d’une étude qualitative réalisée par entretiens individuels semi-dirigés. 11 hommes et 13 femmes de 18 à 70 ans consultant en médecine générale ont été interrogés. La grille d’entretien explorait ce que le patient pensait du dépistage à l’échelle populationnelle puis à l’échelle personnelle.
› Globalement, la plupart des patients interrogés se disent favorables au principe du dépistage de masse (même si certains émettent des doutes quand à l’intérêt de ce dépistage passé un certain âge, considérant qu’âge élevé rime souvent avec absence de sexualité).
Cependant à l’échelle individuelle, la majorité ne s’estime pas personnellement à risque et se sent donc moins concernée.
› La sensation d’être protégé notamment par la fidélité du conjoint compte en effet parmi les principaux freins au dépistage systématique identifiés dans cette étude. Certains patients justifiaient aussi l’absence de dépistage par la peur du résultat ou par le tabou qui les empêchait d’en parler avec leur médecin généraliste.
À l’inverse, la peur de la maladie, la volonté d’arrêter le port du préservatif, le soupçon de l’infidélité du conjoint ou la volonté de connaître son statut pour ne pas contaminer les autres plaident en faveur du dépistage.
› « Les divers points de vue exprimés – tabou, fidélité, sexualité des seniors – laissent penser que les patients n’envisagent la transmission du VIH que par voie sexuelle », analysent les auteurs. Par ailleurs, « l’évocation du dépistage de masse renvoie à la notion de prise de risque que les patients associent à la fidélité ».
› Dans ce contexte, « la proposition de dépistage devra être faite en insistant sur les autres modes de contamination et sur le temps de latence possible entre exposition et diagnostic, en évitant toute remise en cause de la fidélité du conjoint », concluent les auteurs.
Etude et Pratique
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