LE QUOTIDIEN - Est-ce pertinent de démettre de ses fonctions Mireille Faugère à ce moment précis ?
ANNE HIDALGO - On était arrivé à un point de blocage sur l’AP-HP et notamment sur l’Hôtel-Dieu. Il n’y avait plus de dialogue possible avec les agents hospitaliers, les syndicats, mais aussi les élus. Il fallait partir sur de nouvelles bases, et je me réjouis de la décision qui va être prise en Conseil des ministres. Martin Hirsch connaît l’AP-HP, j’espère qu’il reprendra le dialogue avec tous. Je ne dis pas que rien ne doit bouger. Mais ce n’est pas acceptable que l’on puisse remettre en cause les urgences de l’Hôtel-Dieu sans de bonnes garanties sur l’accueil des urgences ailleurs à Paris. Ces garanties, on ne les a jamais eues. À plusieurs reprises j’ai dit à Mireille Faugère que sa stratégie ne me paraissait pas être la bonne. On ne conduit pas une réforme avec la moitié des gens à dos. Il y avait beaucoup de brutalité.
Marisol Touraine, avec une telle décision, vous dégage-t-elle le terrain électoral ?
Je ne crois pas à ce type de lecture. Je porte la légitimité que m’ont donnée les Parisiens, qui consiste à veiller sur la santé publique et la question, notamment, des urgences. Le Conseil de Paris a voté, souvent à l’unanimité, des vœux sur ces sujets. Bien sûr que l’AP-HP doit se transformer, mais pas avec un dialogue social bloqué ! Je préside le conseil de surveillance de Necker. Lorsqu’il a fallu transformer cet hôpital, la direction et la CME ont cherché l’adhésion du plus grand nombre. Pas la confrontation.
Quels sont vos projets pour l’AP-HP et l’Hôtel-Dieu ?
Si je suis élue maire de Paris, j’investirai massivement dans les services d’urgences. Pour les soulager, je proposerai que la Ville prenne à sa charge des locaux afin que des médecins libéraux exercent en secteur 1. S’agissant de l’Hôtel-Dieu, j’ai pris les devants en modifiant le PLU [plan local d’urbanisme], de façon à ce que ce lieu ne puisse servir à autre chose qu’à la santé. Je ne suis pas pour revenir à l’hôpital d’antan. Il y avait des idées intéressantes dans le projet porté par la direction générale de l’AP-HP, comme la dimension universitaire. Mais je ne vais pas dire ce que je souhaite pour cet hôpital. Je désire que Martin Hirsch rouvre le dialogue et écoute tout le monde. La question des urgences, en particulier, mérite d’être rediscutée.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne