STRATÉGIE, gestion opérationnelle, pilotage médicoéconomique… Avec la réforme de la gouvernance hospitalière orchestrée par la loi HPST, les chefs de pôles ont hérité d’une série de missions extra-médicales qui peuvent laisser perplexes. Car bien que managers de la santé, ils sont avant tout médecins.
Le Pr Philippe Orcel, chef du pôle rhumatologie de l’hôpital Lariboisière (Paris), a bénéficié de la première vague de formation de l’ANAP, en 2010. « Au début, je n’étais pas vraiment emballé par cette formation, même si j’avais conscience de nos problèmes, se souvient-il. Une fois le pied dedans, l’intérêt de la démarche est devenu évident ».
La performance, mieux, l’amélioration de la performance. Des mots entendus aussi par le centre hospitalier de Bigorre (Hautes-Pyrénées). À la fin de 2011, l’hôpital de Tarbes affiche un déficit de six millions d’euros. Le pôle de chirurgie, piloté par le Dr Jacques Brouquet, est particulièrement touché. « On avait besoin d’un coup de main pour rétablir l’équilibre financier sans altérer les soins aux patients, explique le chirurgien gynécologue. En 2008, le pôle a monté un projet visant à optimiser l’occupation des salles de bloc, des lits et à développer la chirurgie ambulatoire. Et moi, j’ai suivi la formation de l’ANAP ». Même si tout n’est pas rose, le médecin constate une amélioration significative du pôle. « Le matin, au lieu de faire tourner nos neuf salles d’opération, sept ou huit suffisent et nous sommes passés en deux ans de 104 lits souvent vides à 64 souvent pleins. La chirurgie ambulatoire, qui n’existait pas avant, nous a grandement aidés ».
Les clés de l’absentéisme.
À Lariboisière, le problème n’est pas tant financier qu’humain. « Lors de nos réunions de staff médical, on perdait les conclusions une fois sur deux. Autre problème plus lourd qu’on voulait comprendre : l’absentéisme des personnels non médicaux et, en quelque sorte, celui des patients », explique le Pr Orcel. En rhumatologie, une personne sur cinq... n’honore pas son rendez-vous. Avec l’appui de l’ANAP, le service a mis en place un système d’annulation par e-mail et travaille à la possibilité d’envoyer une piqûre de rappel par SMS 24 ou 48 heures avant le rendez-vous.
Les chefs de pôle voient d’autres bénéfices dans la formation de l’ANAP. « Pendant les journées de coaching, on apprend aussi en échangeant avec d’autres médecins de structures et villes différentes », apprécie le Pr Orcel. Pour le Dr Brouquet, la formation a « permis d’avoir le même jargon que les administratifs et la direction. En parlant performance et augmentation d’activité, on espère qu’ils lâcheront plus facilement du lest sur le personnel hospitalier ».
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