L'absence d'Agnès Buzyn, mardi, à l'ouverture de la Paris Healthcare Week, a-t-elle donné des ailes à Frédéric Valletoux ?
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a inauguré le grand salon hospitalier annuel par un discours politique sévère à l'endroit du gouvernement. Alors que la loi de santé arrive au Sénat, le maire LR de Fontainebleau a souligné « l'urgence » de répondre aux « exigences fortes » de l'hôpital public « pour les mois à venir » et non à moyen ou long terme. « Ma santé 2022 ne peut se faire sans Ma santé 2019, a-t-il plaidé. Nous avons besoin de mesures immédiates au regard de la situation d’urgence que connaissent nos établissements. »
Hold-up
Cette urgence est d'abord financière. Frédéric Valletoux apprécie le « début d'écoute » d'Agnès Buzyn pour desserrer l'étau budgétaire (dégel intégral des crédits en réserve, hausse des tarifs de 0,5 % en 2019), mais c'est insuffisant. « Il faut aller plus loin ! » pour redonner des couleurs à l'hôpital, éreinté par les plans d'économies (8,6 milliards d'euros en quinze ans, encore 663 millions cette année) « qui continuent inlassablement », a tonné le patron de la FHF. Un « hold-up financier » subi par les établissements, résume-t-il. Frédéric Valletoux cible l'ONDAM, système de régulation qui « confine à l'absurde » et entraîne les hôpitaux dans une « logique mortifère d’asphyxie financière » qui les empêche d'investir et d'être attractifs.
Car l'urgence concerne aussi l'attractivité des carrières médicales et paramédicales, « sujet incontournable » pour les hôpitaux. 27,4 % de postes de PH temps plein et 47 % de postes de PH temps partiel sont vacants. « Il est devenu impératif de mettre en place les conditions d’un choc d’attractivité, de redonner du sens à l’exercice hospitalier ! », a lancé Frédéric Valletoux. Or, neuf mois après le plan Macron sur la santé, « les réponses esquissées ne sont pas à la hauteur des enjeux, loin s'en faut », assène le patron de la FHF. Quid de la modernisation du statut de PH (en cours de négociation), gage d'attractivité ? Quelle articulation avec la réforme de la fonction publique ? La réponse est cinglante : « Je préfère un statut renforcé à des contrats bricolés ! »
C'est enfin – surtout – la qualité de vie au travail des professionnels qui préoccupe la FHF, en particulier les tensions dans les 645 structures d'urgences. Frédéric Valletoux a lancé « solennellement » l'alerte afin que les autorités agissent avant l'été, période tendue.
CPTS obligatoires
Le patron de la FHF ne pouvait pas discourir sans évoquer devant ses ouailles la réorganisation des soins de ville et le déploiement de 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). De fait, le désengorgement des urgences est lié au succès de cette réforme. Et Frédéric Valletoux n'a pas fait dans la dentelle : « Les CPTS devraient devenir, au-delà de leur rôle premier d’organisation de la pratique libérale, un lieu de dialogue entre professionnels libéraux et hospitaliers. Le président de la République avait évoqué leur caractère obligatoire à un horizon de trois ans [...]. J’espère que cet objectif reste encore celui du directeur général de l’assurance maladie et du gouvernement lorsqu’ils négocient avec nos amis des syndicats de médecins. Nous avons fait des GHT obligatoires, ils vont brillamment réussir à se structurer autour des CPTS...»
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