Se disant concernés au premier chef (malgré leur statut à part, lui-même en train de subir une refonte), certains praticiens hospitaliers craignent de souffrir eux aussi de la réforme. « De nombreuses dispositions de ce projet de loi vont impacter l’ensemble des agents publics, y compris les personnels médicaux, odontologiques et pharmaceutiques hospitaliers, comme la rémunération au mérite, le recours accru aux contractuels, la fragilisation des instances de dialogue social, la remise en cause des comités médicaux », écrivent la centrale Action praticien hôpital (APH) et le syndicat Jeunes médecins, qui affichent ce jeudi leur « soutien » au mouvement de grogne des agents hospitaliers.

Interrogé par le « Quotidien », Patrick Léglise, vice-président de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) se dit « complètement opposé » à la rémunération au mérite. « Sur quoi le mérite sera-t-il calculé ? », s'interroge le pharmacien hospitalier qui penche plutôt pour une forme de rémunération à la responsabilité. « Nous préférons valoriser les fonctions comme chef de service ou président de CME », propose-t-il.

Dans une récente interview au « Quotidien », le Dr Renaud Péquignot,  vice-président d'APH et chef du service de médecine et réadaptation des Hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne), alertait sur « cette folie anti-agent public qui consiste à mettre du contractuel partout »Il y a un an, une dizaine d'organisations syndicales de praticiens hospitaliers s'étaient déjà mobilisées contre la réforme de la fonction publique hospitalière. 

APH et Jeunes médecins « observeront attentivement la réponse gouvernementale à ces revendications justes et appelleront à la grève si elles n'étaient pas satisfaites », précisent-ils.

Ni retrait ni renégociation

Le gouvernement a tenté d'éteindre le feu qui couve. Supprimer 120 000 postes « n'est pas un totem », a assuré jeudi Olivier Dussopt sur Cnews. « Mais il faut aussi faire des économies car avec plus de 70 milliards d'euros de déficit par an, ça n'est pas tenable ». Le secrétaire d'État est resté ferme sur le maintien du projet de loi, confirmant qu'il n'y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme « attendue par les agents » selon lui. « Les Français nous ont dit "de la proximité, des hôpitaux et des écoles", le président de la République dit "on n'en fermera plus" », a rappelé Olivier Dussopt.

Les neuf syndicats (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, UNSA, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) à l'origine de l'appel à la grève représentent les 5,5 millions d'agents publics (qui regroupent surtout 3,8 millions de fonctionnaires d'État, des collectivités territoriales et hospitaliers et un million de contractuels). Ils ont prévenu que la journée de jeudi ne serait « qu'une étape » d'une mobilisation pour « dire non » à ce projet de loi.