Le conseil départemental de l'Ordre des médecins (CDOM) d'Eure-et-Loir a démasqué en fin de semaine dernière un faux médecin, qui avait usurpé l'identité d'un vrai praticien bordelais homonyme, parti en vacances aux Antilles. L'escroc tentait de se faire embaucher au service des urgences du Centre hospitalier Louis-Pasteur de Chartres-Le Coudray.
L'affaire a été dévoilée par « l'Écho républicain ». Tout commence jeudi 25 février au matin. Un certain Dr Ph., qui dit exercer à Bordeaux, appelle le conseil de l'Ordre d'Eure-et-Loir. Il dit qu'il quitte Bordeaux et veut travailler à Chartres dès le lundi suivant, indique le Dr Véronique Fauchier, présidente du CDOM d'Eure-et-Loir au « Quotidien ».
La démarche est très inhabituelle, précise la présidente. Il faut vérifier le dossier du praticien qui doit être envoyé de Bordeaux jusqu'à l'Ordre national à Paris, avant d'être réacheminé en Eure-et-Loir. Il faut aussi s'assurer de la régularité des diplômes. Bref, impossible d'obtenir aussi vite le blanc-seing de l'institution départementale.
Une supercherie reposant sur une homonymie
L'homme ne désarme pas. Il a entre-temps déjà proposé ses services au Centre hospitalier Louis-Pasteur. Le faux médecin assure qu'il va s'installer en libéral à Chartres, et que, pour ne pas perdre la main, il souhaite faire des gardes aux urgences. Dans l'attente d'une régularisation ultérieure, et sur la foi de l'homonymie totale de l'escroc avec le respectable praticien bordelais, le centre hospitalier accepte de le laisser passer une journée aux urgences le jeudi 25 février, mais uniquement en prévisite.
Pendant ce temps, des contacts sont noués entre le conseil départemental d'Eure-et-Loir et le Centre hospitalier. Le conseil se connecte sur « Ordinal », la base de données du CNOM, et récupère une photo du vrai praticien bordelais. Au cours des échanges entre l'Ordre et le Centre hospitalier, il apparaît que la description faite par les urgentistes ne correspond guère à la photo dont dispose le CDOM. Le Centre hospitalier envoie discrètement un cliché de l'individu à l'Ordre, et l'arnaque apparaît au grand jour : le candidat urgentiste n'est pas le praticien bordelais qu'il prétend être.
L'usurpateur encourt deux ans de prison et 30 000 euros d'amende
Au Centre hospitalier de Chartres, le directeur adjoint, Yvon Le Tilly, insiste sur un point : « En l'absence du dossier complet de l'individu, il n'a effectué que des prévisites, accompagné par un médecin de l’établissement. » Selon Yvon Le Tilly, l'homme n'était « pas très bavard » et les autres médecins urgentistes l'ont trouvé « très discret » sur lui-même. Et pour cause.
Démasqué lors de l'échange de photos, l'homme de 33 ans a été retenu jusqu'à l'arrivée de la police, et immédiatement placé en détention provisoire.
Le CDOM a porté plainte contre lui pour usurpation d'identité et de titres, et tentative d'exercice illégal de la médecine. Le chef du service des urgences a lui aussi porté plainte, mais le centre hospitalier, en l'absence de lien contractuel avec le faux médecin, n'a pu le faire. Selon le Dr Fauchier, l'individu risque 30 000 euros d'amende et deux ans de prison.
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