Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, dévoile son nouveau projet politique. Au menu : exercice coordonné « incontournable », expérimentations de forfaits (par pathologie chronique), statuts intermédiaires plus souples, PDS élargie au samedi matin et ouverture d'un espace de liberté tarifaire pour tous les généralistes recertifiés (via l'accès à OPTAM). Il réclame aussi l'adhésion de la maison mère à la convention !
LE QUOTIDIEN : Vous proposez un nouveau projet politique. Quels sont les priorités ?
Dr LUC DUQUESNEL : La médecine générale entame une mutation jamais connue depuis 30 ans, que nous devons accompagner. Le premier axe concerne le rôle du généraliste : il faut le positionner comme chef d'orchestre du parcours de santé où la prévention occupe une place centrale, au sein d'une équipe coordonnée dans un territoire. L'exercice coordonné devient incontournable même si les regroupements peuvent être physiques ou virtuels. Le deuxième axe porte sur l'accès à l'exercice libéral. Notre projet innove en créant des statuts intermédiaires plus attractifs que le statut de remplaçant – comme l'assistant ou le collaborateur libéral –, en développant l'exercice mixte et à temps partiel ou le salariat entre les médecins.
Prônez-vous la fin du paiement à l'acte ?
Pas du tout ! Le paiement à l'acte doit demeurer car il est particulièrement indiqué pour les pathologies aiguës. Mais aujourd'hui, 95 % des consultations complexes restent rémunérées à 25 euros ! La création dans la convention d'un forfait structure et de quelques consultations complexes majorées ne sont pas à la hauteur. C'est insuffisant pour financer un secrétariat et soulager le médecin des tâches administratives. Il est nécessaire d'expérimenter des forfaits pour les pathologies chroniques.
La recertification inquiète les médecins…
Il ne s'agit pas de repasser des examens ! Le fait de s'engager dans une démarche qualité devra faire l'objet d'un financement et d'une revalorisation de la rémunération. Notre projet propose que le contrat OPTAM (option de pratique tarifaire maîtrisée) soit élargi à tous les généralistes de secteur I. C'est une façon de revaloriser les honoraires des généralistes qui s'engagent dans cette démarche qualité.
L'engagement dans la PDS s'érode. Faut-il revenir sur le volontariat ?
Non, cela ferait fuir les jeunes médecins. En revanche, notre projet propose de modifier les textes sur les gardes en intégrant dans la PDS les créneaux 19H/20H et le samedi matin. Certains départements comme la Mayenne l'ont déjà fait et ça marche.
La CSMF doit-elle signer la convention médicale ?
En 2016 déjà, la branche généraliste a souhaité que la CSMF signe. Le syndicat en a décidé autrement, nous avons respecté ce choix. Il y a quinze jours, en comité directeur, nous avons fait la même demande à l'unanimité car, politiquement, notre place est dans la convention. Une AG de la CSMF se tiendra fin mai et une décision sera prise.
Les généralistes ont-ils toute leur place dans une centrale polycatégorielle ?
Il y a des contraintes, comme la stratégie conventionnelle. Mais aussi des avantages : le fait de travailler avec toutes les spécialités est un enrichissement. Nous devons travailler ensemble.
Florilège des propositions du projet des généralistes de la CSMF
- Supprimer les ECN
- Encourager l'exercice mixte évolutif (salarié et libéral) et multisite
- Développer des statuts intermédiaires (assistant, collaborateur libéral)
- Simplifier le statut juridique de la SISA pour les maisons de santé
- Forfaitiser le financement de la coordination
- Expérimenter un forfait à la pathologie
- Forfait strucrure plus adapté aux modalités d'exercice
- OPTAM pour tous les généralistes, y compris les secteur I , sous réserve d'un mécanisme d'évaluation de la pratique, formation continue, PDS-A, etc.
- Protection maladie : ramener le délai de carence à trois jours
- Formation indemnisée d'au moins 40 heures par an
- Instaurer un pool de praticiens territoriaux médicaux de remplacement
- intégrer à la PDS-A la tranche 19H/20H et le samedi matin.
- Généraliser la télésurveillance
- Autoriser les MEP à avoir des cotations spécifiques
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