L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) sonne l'alarme sur la situation des internes de la subdivision Antilles-Guyane, « bien plus exposés à des facteurs délétères sur le plan psychosocial que ceux de la métropole », révèle un rapport rédigé par Antoine Reydellet, ex-secrétaire général du syndicat. Accès à la formation, stages, frais, conditions de travail ou de repos : le constat est sans appel. « Les droits des internes ont évolué ces dernières années mais le temps semble s'être arrêté dans les Antilles », peut-on lire.
Dormir sur des brancards ou des matelas au sol
En Guadeloupe, les internes ne bénéficient pas d'un endroit spécifique pour se reposer ou se détendre au CHU. « L'internat du CHU de Pointe-à-Pitre est inutilisable car insalubre », souligne Antoine Reydellet. « Durant leurs gardes, ils dorment sur des brancards ou des matelas au sol quand ils ont la chance d'en trouver un », relève le rapport. La construction du nouvel hôpital dont les travaux ont démarré en 2016 ne prévoit « pas d'espace prévu à cet effet », s'inquiète Antoine Reydellet.
À l'hôpital, l'ISNI juge la qualité de formation inégale entre les services. L’incendie du CHU de Pointe-à-Pitre à l'automne 2017 a aggravé une situation déjà sous tension. « Tous les services ne sont pas logés à la même enseigne », explique Antoine Reydellet. L'anesthésie-réanimation prodiguerait une formation de qualité grâce à « ses jeunes chefs dynamiques ». La chirurgie n'ayant plus que « trois blocs sur 12 opérationnels » représente « un frein pour la formation des internes complètement laissés à l'abandon ».
Concernant les stages, leur nombre en médecine libérale est insuffisant au regard des effectifs à former. « Les moyens mis à disposition des maîtres de stage sont peu nombreux. Il est donc difficile pour les internes de pouvoir avoir un stage chez le praticien », souligne le rapport.
Certaines disparités financières sont identifiées. Par exemple, les internes doivent régler des billets d'avion vers la métropole car « peu de DU ou DIU sont proposés » par la subdivision Antilles-Guyane. À cela s'ajoutent les dépenses de transport dans les îles. Ils « sont obligés de faire l'acquisition d'une voiture car le réseau de transport en commun est quasiment inexistant et l'utilisation du vélo est fortement déconseillée ».
Repos de sécurité, « une belle utopie »
En Martinique cette fois, la situation à l'hôpital et l'accueil des étudiants « semblent meilleurs » qu'en Guadeloupe notamment grâce à la rénovation des locaux. Mais si les jeunes médecins en formation disposent d'un internat, les moyens mis à disposition restent « limités ». « Les étudiants n'ont aucun moyen pour pouvoir travailler leurs thèses », cite l'auteur.
Pour combler ce vide, l'Union des médecins libéraux offre un local avec ordinateur, aide à la traduction, à la recherche ou au financement des billets d'avion vers la métropole pour la participation à des congrès. « Mais peu d'internes sont au courant », regrette Antoine Reydellet.
Quant aux conditions de travail, le repos de sécurité « semble être une belle utopie », lit-on. « Pire encore, le samedi matin est travaillé mais jamais récupéré alors qu'un interne doit normalement travailler maximum 10 demi-journées par semaine », lit-on.
Unification des associations de jeunes ?
Le rapport formule plusieurs recommandations pour améliorer la situation dans cette subdivision Antilles/Guyane. Il recommande l'unification des associations des internes des trois territoires afin de mieux défendre leurs droits. Aujourd'hui, les remontées du terrain sont difficiles et irrégulières. « Il y a un déficit de lien avec les internes », admet Jean-Baptiste Bonnet, président de l'ISNI.
Chaque territoire possède certes une structure associative mais aucun syndicat représentatif n'existe pour suivre les dossiers et faire respecter le droit. Le turn-over complique les échanges.
Autres propositions : la revalorisation de la grille salariale des internes, la baisse des tarifs d'inscription ou un partenariat avec une banque pour l'aide à l'acquisition d'un véhicule. « Seule une amélioration de la situation des internes et des CHU leur donnera envie de rester par la suite et permettra de combattre la désertification médicale », souligne l'ISNI.
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