Illzach (68)
Dr François-Xavier Ley*
Je suis toujours étonné de voir fleurir en France – et une nouvelle fois dans le courrier des lecteurs du « Quotidien » du 7 janvier – des experts autoproclamés d’un sujet politique, médical, sociétal et… en la matière, ordinale !
Il m’est toujours agréable de rappeler que l’Ordre n’a pas été créé par Vichy mais par une ordonnance du Général De Gaulle à la Libération et que l’angélisme d’une profession digne, respectable, n’est pas une règle unanime comme le pense le confrère !
Les missions de l’institution, je cite « coûteuse, néfaste et vaine » sont si variées que je n’en citerai que les principales : vérification des diplômes surtout depuis la libre circulation européenne, soins conformes aux données actuelles de la science (sectes et gourous), tenue du tableau, validation des diplômes communautaires et extra-européens, qualification des spécialités, entraide aux médecins et veuves en difficultés, bourses d’études aux enfants de médecins, prise en charge des confrères en burn-out, validation des contrats d’exercice, organisation des conciliations lors des litiges patients-médecins ou entre confrères, gestion des plaintes, représentation des médecins à tous les niveaux départementaux ou régionaux, CODAMU, ARS, CRSA, juridiction disciplinaire, lien avec la Faculté, etc., etc., évidemment lorsque l’on analyse de l’extérieur et de très loin… la vision est « myopique » !
Son rôle ne peut se borner à la vision étriquée de la défense du seul corps médical tel que le suggère le confrère, l’ordre a également une mission de service public et de santé publique (interlocuteur des pouvoirs publics, conseil pour l’élaboration des règlements, lois etc.).
Je lui conseille donc de se présenter aux élections, nous avons besoin de toutes les bonnes volontés disposées à donner de leur temps personnel à la profession, mais ça ne sera pas trop connu, nous n’œuvrons pas dans le ton du « bling-bling » ambiant actuel !
* Un ordinal de base depuis 36 ans
Réponse au Pr Claude-François Degos
Paris (75)
Dr Gilles Seban
Ceci est une réponse à la lettre du Pr Claude-François Degos publiée le 21 janvier dernier par « le Quotidien du Médecin ».
Avec ou sans acrimonie, mais dans le respect que je dois au Professeur, je me permets de répondre à sa réponse.
Tout d’abord, je maintiens preuve à l’appui que l’Ordre des Médecins tel que nous le connaissons aujourd’hui a été fondé sous le régime du Maréchal Pétain en 1940. Le code de déontologie médicale a d’ailleurs été rédigé dans sa toute première mouture en 1941.
Et puisque nous sommes invités à un rappel de l’histoire, il importe de savoir que la création du Conseil supérieur de l’Ordre des Médecins coïncide avec l’abolition, le 7 octobre 1940, du décret Crémieux datant de 1870 et qui donnait la nationalité française aux juifs d’Algérie.
De mémoire détestable, l’Ordre des Médecins de l’époque n’a pas tardé à se montrer zélé. Et pour cause. Quelques mois plus tard, répondant aux désirs d’une partie du corps médical, le gouvernement de Vichy a voté, le 16 août 1940, une loi limitant l’exercice de la médecine aux seuls médecins français dont la nationalité était acquise avant 1927. Ainsi, des tâches prioritaires du Conseil del’lOrdre sous Pétain étaient l’épuration de son tableau des médecins qui avaient trois grand-parents juifs ou deux seulement si leur conjoint était juif.
À cet égard, les textes de l’époque, provenant souvent des conseils départementaux, sont accablants.
Or, et en dépit de ces faits outrageants de l’Histoire de France, si nous n’avons certes pas à rougir d’avoir un Ordre des Médecins, comme vous semblez l’affirmer, c’est essentiellement parce qu’il y a eu des hommes honnêtes, des médecins responsables, qui ont reconnu les torts de la France de cette époque. Parmi eux, je tiens à rendre ici un vibrant hommage au digne et non moins honorable Pr Bernard Glorion, votre ancien Président, pour avoir eu le courage et l’humilité de faire acte de repentance, particulièrement pour les années 1940-1942.
En effet, sans lui aujourd’hui, nous serions sur le point de fêter en 2015 les 70 ans du Conseil de l’Ordre comme l’ont été les 50 ans, dans la négation de l’Histoire, en 1995, en conservant sa troublante discrétion et cultivant le secret sur son passé vichyste.
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