Le volet « investissements » du Ségur, c'est 50 % de plus que les deux plans Hôpital 2007 et Hôpital 2012 réunis ! Celui qui s'en réjouit, Jean Castex, sait de quoi il parle puisqu'il était aux manettes, à ces époques, en tant que directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS, aujourd'hui DGOS) puis comme dircab de Xavier Bertrand au ministère de la Santé et enfin conseiller du président Nicolas Sarkozy.
Le 9 mars dernier, à Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre), le Premier ministre livre la méthode et la clé de répartition de cette enveloppe de 9 milliards d'investissements hospitaliers au titre du Ségur, chantier lancé par son prédécesseur. Dans le détail, ces crédits ont vocation – à l'horizon des dix prochaines années – à « appuyer des projets de transformation de l'offre de soins » pour 6,5 milliards, à « soutenir l'investissement courant » dans les hôpitaux pour 1,5 milliard et à prévoir une réserve d'un milliard pour « pallier les aléas ». Il faut y ajouter 6,5 milliards de reprise de dette des hôpitaux publics, 1,5 milliard pour rénover les Ehpad, 300 millions fléchés vers l'offre de soins pour les personnes en situation de handicap et deux milliards pour le numérique.
Les ARS à la manœuvre, le gouvernement aux annonces
Au total, la somme affichée s'élève à 19 milliards d'euros dont les trois quarts sont délégués aux agences régionales de santé (ARS). « Le gouvernement place toute sa confiance dans une gestion la plus territorialisée possible, promet au printemps, Jean Castex. Les ARS, les dirigeants des établissements, tout ce qu’on appelle la communauté hospitalière, favoriseront la médicalisation de cette gestion pour concevoir la bonne réponse aux besoins de santé du territoire ».
Au printemps et à l'été, les ARS concertent pour décliner cette feuille de route. Mais c'est bien le gouvernement qui, à l'automne, conserve le privilège d'annoncer les projets retenus, semaine après semaine. Blocs opératoires, urgences, Ehpad, reprise de dette : le Premier ministre et son ministre de la Santé multiplient les déplacements afin de feuilletonner les bonnes nouvelles dans chaque région.
L'enveloppe bénéficie à de vastes chantiers, notamment des CHU, qui auraient peiné à boucler leur budget. C'est le cas du CHU de Nantes dont le projet de reconstruction doit aboutir en 2027 afin de regrouper sur le site unique « île de Nantes » l'ensemble des activités de court séjour éparpillées. Sur une facture estimée à 1,2 milliard, l'aide atteint 400 millions d'euros. Mais en réalité, ce sont majoritairement des hôpitaux plus modestes, parfois en grande difficulté, qui sont soutenus. C'est le cas du GH public Sud-Oise (hôpitaux de Creil et de Senlis), gratifié d'une enveloppe de 73,5 millions dont 38 millions de reprise de dette et 35 millions pour des travaux inachevés.
Les hôpitaux de proximité ne sont pas oubliés. « Nous en stabilisons le financement pour que leur pérennité soit assurée même dans les territoires où le bassin de population est trop petit pour rentabiliser une telle structure mais dont le rôle est indispensable », assume Olivier Véran. L'exemple type est le CH de Graulhet dans le Tarn où la rénovation du site de l’ancien hôpital permettra la création d’un plateau de consultations commun aux libéraux et hospitaliers, en lien avec la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).
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