Bloqué à 23 euros depuis 2011, le tarif de la consultation sera au cœur des prochaines négociations conventionnelles. Sans attendre l'ouverture des discussions, plusieurs médecins bretons ont pris une initiative originale pour revaloriser leurs honoraires : facturer certaines consultations en DE (dépassement exceptionnel) lorsqu’elles se déroulent en dehors d’une plage horaire fixée entre 9h et 17h... correspondant aux heures d’ouverture de nombreuses CPAM.
Un pied de nez assumé par le Dr Ivane Audo, qui en a eu l’idée : « C’est une manière de répondre au dédain et au harcèlement du ministère et de la caisse qui se permettent de nous juger alors qu’ils pratiquent ces horaires. » La généraliste et ses cinq confrères exerçant dans un cabinet médical de Lanester (Morbihan) ont mis en pratique cette mesure depuis près de six mois.
Plusieurs dizaines de confrères du pays lorientais l’ont depuis rejoint. L’idée fait aussi son chemin du côté de Bordeaux et de Roanne, explique au « Quotidien » le Dr Audo, également présidente de la FMF Bretagne.
« Stop, ça suffit ! »
« Ce mouvement, c’est aussi pour dire stop, ça suffit ! Nous sommes tous excédés. Qu’on arrête de nous prendre pour des gens corvéables à merci. Arrêtons de baisser la tête, on vaut plus que 23 euros », s’indigne la généraliste.
Environ 25 % à 30 % des consultations font l’objet d’un DE, assure-t-elle, précisant que le cabinet fonctionne de 8 heures jusqu’à 20h30 en semaine et de 8 heures à 13h le samedi. Le montant des dépassements, « à l’appréciation des médecins », varie de 3 à 10 euros « selon la longueur de la consultation, le nombre de motifs », et les tarifs sont toujours appliqués « avec tact et mesure ».
Une affiche placardée en salle d’attente prévient clairement les patients sur cette tarification. « On ne veut surtout pas les pénaliser. Un patient qui ne peut pas se présenter au cabinet entre 9h et 17h, on ne va pas lui appliquer un DE », indique le Dr Audo, qui n’hésite pas à différer l’encaissement d’un chèque ou à renoncer au DE si la situation l’exige.
Des dépassements pris en charge par les mutuelles
« Ils comprennent notre démarche et le dépassement de quelques euros ne les choque pas. En six mois, on n’a eu aucune réclamation, seulement des questions », indique la généraliste. Selon elle, la quasi-totalité des mutuelles remboursent ces dépassements exceptionnels.
Comment réagit la caisse à cette initiative ? À ce jour, aucun des professionnels appliquant cette mesure n’a fait l’objet d’un rappel à l’ordre pour excès de DE, assure le Dr Audo. La généraliste craint-elle une sanction ? « On a atteint un tel niveau de ras-le-bol que c’est le dernier de mes soucis », répond-elle, sereine.
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