Urgences saturées, manque de moyens, soignants à bout de souffle… La situation catastrophique des hôpitaux a été maintes fois décrite. Le Dr Jean-Marie Haegy la raconte à sa façon dans un texte qu’il a fait parvenir au « Quotidien ». Sans apitoiement et avec une pointe d’ironie, le médecin à la retraite, ancien chef de service Urgences et réanimation aux hôpitaux civils de Colmar, montre sans fard la réalité à laquelle sont aujourd’hui confrontés ses confrères.
« Viens faire un tour dans nos services d’urgence », lance-t-il au Père Noël dans ce courrier fictif que « Le Quotidien » reproduit intégralement, « tous les box sont pleins, tous les couloirs encombrés et toutes les salles d’attente explosent ».
« J’ai ressenti le besoin de m’exprimer, de raconter ce qu’il se passe », confie avec beaucoup de simplicité le Dr Haegy, qui exerce encore plusieurs jours par mois dans un petit service d’urgence et dans un centre de soins non programmés. C’est ce même besoin « d’agir, de s’exprimer », qui l’avait poussé, l’année dernière, à brandir, seul, une pancarte pro vaccin au milieu d’une manifestation antivax.
« Déshumanisation à marche forcée »
Depuis la diffusion de ce texte sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours, il dit avoir reçu beaucoup de témoignages d’anciennes consœurs, de confrères et de soignants qui le remercient d’exprimer ce qu’ils ressentent. « Dans votre lettre au père Noël, vous décrivez très justement nos petites lâchetés du quotidien afin de nous soustraire aux incessantes sollicitations de nos patients échoués dans nos couloirs », lui écrit, presque résigné, l’un de ses anciens collègues urgentistes qui évoque « la déshumanisation à marche forcée » des services, faute de moyens.
À côté de cela, le débat sur la réintégration des soignants non vaccinés, qui agitait la classe politique ces dernières semaines, lui paraît hors sol. « Personnellement, cette question me paraît très marginale. On en fait une montagne alors que les problèmes qui touchent les services des urgences sont ailleurs », regrette le Dr Haegy. Le médecin n’attend pas de miracle pour sauver l’hôpital. Mais il adresse une petite supplique au Père Noël : « Donne-nous aujourd’hui des tonnes de bienveillance pour que l’humanité qui est en nous ne s’étouffe pas sous le poids du fardeau : nos malades en ont tant besoin. »
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