C'était une première à la fois pour François Braun en tant que ministre et pour Arnaud Robinet en tant que président de la Fédération hospitalière de France (FHF). L'ancien président de Samu-Urgences de France a inauguré ce mardi matin la 57e édition de Santexpo, le salon annuel de la Fédération hospitalière de France (FHF) où, à défaut d'annonces concrètes, il a précisé le calendrier des chantiers en cours, réfutant les discours catastrophistes. « Je ne nie pas la réalité mais non, tout ne va pas mal ! » a-t-il plaidé en préambule.
Le service, unité organique et humaine
Temps de travail à l'hôpital, tarification à l'activité (T2A) ou gouvernance, il a rappelé les « commandes » du président de la République lors de ses vœux aux soignants en janvier et fait siennes plusieurs d'entre elles. « Il faut que le service redevienne l'unité organique et humaine de fonctionnement de l’hôpital », a ainsi insisté l'ancien chef des urgences du CHR de Metz. À cet égard, les mesures prises à la suite du rapport Claris de 2020 (sur la gouvernance médicale) n'ont pas été suffisantes. « Conforter la place du service au cœur de l’organisation des soins, c’est donner aux équipes la capacité de s’organiser, en autonomie et en responsabilité, pour favoriser la fluidité des projets, dans un collectif qui fait sens et qui crée de la solidarité, en particulier pour faire face aux tensions qui peuvent exister dans les établissements », a explicité François Braun promettant « très prochainement » un ensemble de mesures sur ce sujet.
S'agissant toujours de la gouvernance hospitalière et de place du binôme directeur/président de CME, la nouvelle mission confiée au Pr Olivier Claris devrait aboutir à la publication d'un rapport début juin. « Je peux déjà vous dire qu’un débat aura lieu, dans chaque établissement, associant le plus grand nombre possible de professionnels, pour faire collectivement émerger cette meilleure organisation interne, et repenser le rôle respectif de chaque échelon de la gouvernance », a évoqué le ministre.
Ne pas contraindre les professionnels
Fidèle à sa marque de fabrique, il a affiché sa volonté que les décisions soient prises au plus près du terrain. L'occasion, par exemple, de marquer son désaccord avec la proposition de loi (PPL) du sénateur et médecin Bernard Jomier sur les ratios de soignants par patient à l'hôpital. « A tous ceux qui voudraient imposer des ratios figés, ou mettre en place des organisations uniformes et contraintes pour faire face à nos difficultés, je réponds que ce n’est pas une solution, a-t-il cadré. Cela ne ferait que rigidifier un système qui a un besoin urgent de souplesse et de confiance ».
En revanche, il a salué la proposition de loi de l'ancien président de la FHF, Frédéric Valletoux, aujourd'hui député Horizons, tout en adressant une mise en garde. « Ce texte sera l’occasion de mener un travail conjoint sur certains sujets importants pour nos établissements de santé, mais aussi plus largement pour la santé dans nos territoires, en faisant confiance aux professionnels plus qu’en les contraignant ! », a-t-il redit contre les tentations parlementaires de revenir sur le volontariat des gardes.
Attractivité et fidélité
Très attendu sur la question de la revalorisation de la permanence de soins à l'hôpital, le ministre a dit attendre les préconisation que lui remettra « très prochainement » l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). « À cette occasion, je souhaite que nous puissions discuter avec les représentants des personnels d’autres sujets structurants et essentiels pour l’attractivité et la fidélisation », a ajouté le ministre alors que les concertations avec la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) ont été suspendues la semaine dernière, au grand dam des syndicats de PH.
L'ancien président de Samu-Urgences de France sait que l'été risque d'être à nouveau très compliqué, et d'autant plus depuis la mise en place de la régulation stricte de la rémunération des médecins intérimaires. Se félicitant déjà que « la bosse » du mois d'avril soit passée, l'été devra « comme toujours être un moment de mobilisation solidaire », a-t-il alerté. Mais l'auteur de la mission « flash » en juin 2022, désormais ministre, s'est contenté d'annoncer une instruction adressée « dans les prochains jours » aux ARS pour que « chaque patient qui en ait besoin bénéficie d’un lit d’hospitalisation et ne passe pas des heures à attendre aux urgences ».
« Mères des batailles »
Enfin, François Braun a promis que les décrets prévoyant le régime d’autorisation de la médecine d’urgence seraient publiés avant la fin de l’été, « à l’issue d’une ultime phase de consultation qui va démarrer dans les tout prochains jours ».
L'annonce de ces échéances risque de laisser les hospitaliers sur leur faim. Dans son discours d'ouverture, le patron de la FHF Arnaud Robinet avait souligné de son côté que l'attractivé était désormais « la mère des batailles ». « Il me semble indispensable que les concertations débutent sans attendre, avec un mandat clair et des engagements pluriannuels », a-t-il plaidé à propos des concertations avec les syndicats de PH. Il a réclamé des annonces en priorité « sur une revalorisation significative, pérenne et intégralement financée de la permanence des soins, des astreintes et du travail de nuit ». « Nous n'avons pas le temps d'attendre », a insisté le président de la FHF. Il faudra toutefois patienter.
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