Regrouper la quinzaine de numéros d'urgence français sous un seul et même numéro… Sur le papier, l'idée est séduisante, mais en pratique, elle est totalement inenvisageable pour les syndicats de médecins libéraux (SML, CSMF, MG France et FMF) et le SAMU urgence de France (SUdF), qui veulent conserver la spécificité des numéros d'urgence 15 et 116 117.
À l’origine de leur inquiétude, une déclaration du président de la République, en octobre dernier, devant les sapeurs-pompiers, crainte déjà relayée en décembre dernier par MG France. « Ce quinquennat doit être l'occasion de mettre en place des plates-formes uniques de réception des appels d'urgence. Aux États-Unis, il suffit de faire le 911 ; en Europe et tout particulièrement en France, c'est beaucoup plus compliqué », indiquait Emmanuel Macron, évoquant notamment le numéro d'appel d'urgence unique 112, adopté dans plusieurs États européens.
Infarctus du myocarde et nid de frelons
Les médecins « s'insurgent » contre un tel projet, « qui consisterait à instaurer un numéro unique dans lequel seraient noyés les appels sanitaires et particulièrement ceux de détresse vitale ». En France, chaque numéro d'urgence relève d'un domaine spécifique. Outre le 15 (SAMU) et le 116 117 (permanence des soins), il existe en particulier le 18 pour les pompiers, le 17 pour les services de police et de gendarmerie, le 114 pour les personnes sourdes et malentendantes, le 115 (SAMU social) ou encore le 119 (Enfance en danger). Au cœur des craintes des professionnels de santé, « une perte de chance pour le patient dont l'appel serait filtré par des personnels non médicalisés, rallongeant ainsi la durée de prise en charge ».
« Il y a beaucoup de numéros d'urgence en France, une diminution peut être envisagée, mais il est indispensable que les appels sanitaires restent sur une plateforme spécifique », précise le Dr François Braun, président de SUdF.
« Il faut absolument que nous gardions un numéro médical, et surtout qu'il y ait un numéro pour les libéraux, le 116 117, en plus du 15 », plaide le Dr Philippe Vermesch, président du SML.
« Sur des urgences médicales comme un infarctus du myocarde, les délais de gestion et de réponse sont fondamentaux, poursuit le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. La personne qui décroche doit être sensibilisée à ces urgences, ce n'est pas la même chose que des nids de frelons ou des feux de cheminées, et j'ai peur que cela induise des retards. »
Rapport de l'IGAS en mai
Actuellement, les assistants de régulation médicale du SAMU et du 116 117 sont spécifiquement formés à répondre à ces urgences médicales. Autre problème, selon le Dr Braun, les plateformes regroupant le 15 et le 18 – certaines existent déjà à Clermont-Ferrand ou à Annecy – posent également le problème de la déconnexion avec l'hôpital, duquel dépendent les centres 15.
Pour toutes ces raisons, libéraux et urgentistes s'opposeront donc « fermement » à une décision qui remettrait en cause l'accès direct à la régulation médicale. Début janvier, les ministères de la Santé et de l'Intérieur ont chargé les inspections générales de l'administration (IGA) et des affaires sociales (IGAS) d'évaluer la mise en œuvre du référentiel du secours d'urgence et de l'aide médicale urgente. L'analyse des plateformes d'appels existantes est au programme des experts, qui doivent rendre leurs préconisations dans un rapport attendu le 15 mai.
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