« Je m'associe pleinement à l'appel en faveur d'une meilleure information lancé par "60 millions de consommateurs" » concernant les produits ménagers, a réagi la présidente du Syndicat français des allergologues (SYFAL), le Dr Isabelle Bossé. Dans son dernier hors-série, le magazine de l'Institut national de la consommation (INC) établit une liste noire de 46 produits sensés désinfecter, désodoriser, désinfecter ou assainir nos habitations qui se révèlent nocifs pour la santé.
« Des substances allergènes se retrouvent dans les parfums et les conservateurs », explique au « Quotidien » le Dr Bossé. Dans les parfums, « le citral, le citronellol, le linalol, ou même la lavande peuvent se révéler irritants, par contact, pour la peau, ou pour les voies respiratoires », poursuit-elle. « 60 millions de consommateurs » épingle tout particulièrement le limonène, qu'on retrouve dans la quasi-totalité des huiles essentielles : « Il peut déclencher des crises d'asthme chez les asthmatiques », assure le Dr Bossé, rejoignant l'avis du Pr Frédéric de Blay, chef du pôle Pathologie thoracique du CHU de Strasbourg, qui estime que ces personnes doivent se passer de ces sprays pour ne pas voir leur pathologie s'aggraver.
Quant aux conservateurs, le Dr Bossé met en garde contre le formaldéhyde, classé cancérogène avéré chez l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer, également présent comme liant et fixateur dans les résines, et contre la méthylisothiazolinone (MIT) qui a remplacé les parabènes.
Allégations fausses
Le mélange (ou effet cocktail) de ces substances allergènes contribue à la nocivité des huiles essentielles ou autres assainissants, malgré un packaging qui surfe sur la mode du bio et du naturel, tout comme leur mode d'administration (pulvérisation ou combustion, donc inhalation pour l'utilisateur), alerte la présidente du SYFAL. « Ces produits ne purifient pas l'air, mais l'encombrent de polluants », dénonce le Dr Bossé, qui s'offusque à la lecture de notices recommandant six à huit pulvérisations quotidiennes.
Le SYFAL demande un affichage plus clair et lisible des substances allergènes, qui pourraient être signalées en gras dans la liste des composants et des pictogrammes plus lisibles. « Il faut aussi des conseils d'utilisation en toutes lettres et une mise en garde pour les femmes enceintes, nourrissons, ou malades respiratoires », insiste le Dr Bossé. Le Syndicat avait déjà sollicité l'Agence national de sécurité du médicament en 2012, qui l'avait renvoyé, en vain, vers la direction générale de la consommation (DGCCRF).
L'allergologue recommande d'aérer son habitat pour lutter contre la pollution intérieure - causée par le tabac, les feux de cheminée, les appareils de combustion, les matériaux de décorations (notamment le bois aggloméré), les moisissures, et les produits d'entretien.
Contre les acariens, « il faut aérer les chambres, laver son linge de lit à 60 ° toutes les semaines, aspirer son matelas tous les mois, le changer tous les dix ans, si possible se doter de housses anti-acariens labellisées » énumère le Dr Bossé, plus que sceptique sur l'efficacité des acaricides. « Ils sont de moins en moins efficaces car les acariens sont de plus en plus résistants à la perméthrine ; en outre, l'insecticide n'a aucune influence sur les carapaces d’acariens morts, qui restent allergènes, ni sur leurs déjections », explique le Dr Bossé.
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