Le personnel soignant hospitalier - et les femmes en particulier - se sentent en moins bonne santé que la population générale. Tel est l'un des enseignements d'une enquête Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) auprès de 927 professionnels de santé exerçant en milieu hospitalier dont 477 infirmiers, 238 aides-soignants et 35 médecins. Les hospitaliers sont en effet 26 % à se déclarer en « mauvaise ou médiocre santé » vs 14 % pour le reste de la population.
Au cours de deux derniers mois, 62 % des hospitaliers ont été affectés par un problème de santé contre 38 % chez les Français, selon cette même enquête. S'agissant des femmes, 74 % de celles travaillant à l'hôpital se déclarent en bonne santé vs 85 % chez l'ensemble des citoyennes. « Les infirmières et aides-soignantes sont deux fois plus nombreuses que la population générale à avoir été affectées par des problèmes de santé » alerte Gaël Sliman, président d’Odoxa.
Dégradation des conditions de travail à l'hôpital
En cause, pour partie, la dégradation des conditions de travail à l'hôpital. Bien plus que les autres femmes actives, les soignantes déclarent que leur métier provoque un
stress important (80 %), implique une pénibilité importante (73 %) et a un impact négatif sur leur santé (74 %). Conséquence : alors que les trois quarts des Françaises sont satisfaites de leur travail, la réponse est inverse pour une soignante sur deux au point que 59 % d'entre elles « envisagent même de quitter leur emploi à cause de ses
conséquences pour leur santé ».
Les deux tiers des hospitalières interrogées dans cette enquête travaillent en effet le week-end ou la nuit et 28 % travaillent souvent plus de 12 heures d'affilée. Un stress aggravé aujourd'hui par la hausse des incivilités et violences subies à l'hôpital : 82 % des hospitalières y ont été confrontées (75 % des hommes).
Charges mentales
À cela s'ajoute, comme dans l'ensemble de la société, une charge mentale privée plus importante chez les soignantes que chez leurs collègues masculins : un tiers s'occupe seule des tâches ménagères à la maison. Quant aux comportements à risques pour la santé, ils sont comparables chez les soignantes par rapport aux autres femmes au regard de l'alcool (41 % de consommatrices régulières ou occasionnelles vs 40 %) ou du tabac (19 % vs 18 %). En revanche, les soignantes des hôpitaux prennent davantage d'anxiolytiques et de somnifères (21 % vs 15 %) mais quasiment pas de cannabis (1 % vs 4 %).
Enfin, les grossesses sont vécues plus difficilement à l'hôpital que dans le reste du monde du travail : 73 % des hospitalières qui ont des enfants estiment qu'être enceinte avait « rendu difficile le fait de pouvoir travailler dans de bonnes conditions » vs 48 % pour l'ensemble des Françaises.
À la lumière de ces constats, la MNH réclame que la santé des hospitalières soit une priorité de l'action publique et que ce sujet soit intégré spécifiquement dans les plans d’Égalité femmes- hommes des établissements hospitaliers.
L’enquête a été réalisée par Odoxa pour la MNH avec la Chaire Santé de SciencesPo, les 16 et 17 février 2023 auprès d’un échantillon de 1 004 individus représentatifs de la
population française âgée de 18 ans et plus et d’un échantillon de 927 professionnels de santé exerçant en milieu hospitalier. La MNH est l'actionnaire du groupe Profession santé dont fait partie « Le Quotidien du Médecin ».
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