Du syndicat CFDT des médecins hospitaliers à la présidence de la conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA*) de la Haute-Normandie depuis début juillet, le parcours du Dr Yvon Graïc est hors normes. Militant dans l’âme, défenseur de causes humanitaires, le médecin retraité de 73 ans a toujours eu la « niaque ». Il a déroulé une carrière passée quasi totalement au centre régional de lutte contre le cancer Henri Becquerel de Rouen. Entré comme assistant à la sortie de la fac, il y a été fidèle jusqu’à sa retraite comme chef de département.
Contre l’Ordre et le secteur II...
Le Dr Graïc a des principes qu’il défend fermement. Il a mené pendant plusieurs années – de procès en procès – des combats homériques pour ne pas payer les cotisations d’un Ordre des médecins qu’il qualifiait d’« œuvre de Pétain », et auquel il contestait toute légitimité. « Les choses ont changé, admet-il. Vous vous rendez compte, l’Ordre est même dirigé maintenant par un médecin généraliste de terrain qui voit toujours ses patients… »
Président depuis 2010 du comité 76 de la Ligue contre le cancer, le Dr Graïc a aussi un credo : ne pas séparer médical, médico-social et social. Les portes d’entrée dans le système de soins doivent donc être multiples, et pas forcément réservées aux médecins et à l’hôpital. « Auparavant, j’exerçais à Becquerel, nous n’apportions aux patients que de la technique. Mais ce n’était pas suffisant. Les patients nous ont fait comprendre qu’ils avaient besoin d’écoute et de soutien pour se reconstruire, physiquement et psychologiquement. »
Pour revoir la liberté totale d’installation
Sur ces bases, le Dr Yvon Graïc et son équipe ont ouvert grand les portes du centre Becquerel et accueilli des intervenants extérieurs qui proposent des services complémentaires en plus des soins traditionnels. Avec la Ligue contre le cancer, « nous avons créé les premiers groupes de paroles entre patients, proposé des ateliers de musicologie, d’art-thérapie, d’activité physique qui rencontrent un grand succès. Les patients en tirent des bénéfices visibles en se sentant mieux aidés et entendus ».
Le nouveau président de la CRSA de Haute-Normandie défend par ailleurs la suppression du secteur II au profit d’une réévaluation tarifaire globale dans le cadre d’un secteur unique. Il estime aussi que la liberté totale d’installation doit être revue sauf à accepter la création d’une médecine à plusieurs vitesses. Dans la région, il espère contribuer à lutter contre les inégalités d’accès aux soins en favorisant l’exercice pluridisciplinaire.
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