La reprise épidémique constatée depuis plusieurs semaines va-t-elle gâcher les vacances d'été des personnels hospitaliers ? Alors qu'une quatrième vague de contaminations au Covid-19 n'est plus à prouver, l'incertitude demeure quant à son impact sur les capacités hospitalières françaises.
Malgré la flambée des contaminations liées au variant Delta, la pression sur l'hôpital restait jusqu'alors contenue. Mais lundi 26 juillet, le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés est repassé au-dessus de la barre des 7 000, dont près de 1 000 en soins critiques, selon les chiffres de Santé publique France (SPF).
Au total, 607 nouvelles hospitalisations ont été constatées en 24 heures et 135 nouveaux malades admis en soins critiques. Ce chiffre de nouvelles admissions en réanimation n'avait pas été aussi élevé depuis le début du mois de juin. Vendredi 23 juillet, 21 703 cas de contaminations ont été recensés, soit une progression de 150 % en une semaine. Un tel niveau n'avait pas été atteint depuis la mi-mai.
Vigilance
Cette situation doit-elle faire craindre un nouvel engorgement des hôpitaux alors même qu'Emmanuel Macron a annoncé hier que la barre des 40 millions de primo-vaccinés avait été franchie dans le pays ? Contactée, la Fédération hospitalière de France (FHF) se veut rassurante. À cette heure, elle ne constate « ni saturation, ni signaux d'alerte ». Cependant, la « temporalité peut changer rapidement », prévient-elle. La fédération n'exclut rien. « Après deux ans de crise Covid, personne ne peut présager de la suite. Quel que soit le scénario, les hôpitaux seront prêts. »
Sur le terrain, les professionnels observent avec prudence la remontée des admissions pour Covid. « Ça monte toujours les jours », constate Yann Bubien, directeur général du CHU de Bordeaux. « Le 9 juillet, nous avions 14 patients hospitalisés pour Covid, soit le seuil le plus bas depuis août 2020. Le 25 juillet ils étaient 31 dont 10 en réanimation », illustre-t-il.
Avec 375 cas pour 100 000 habitants au 27 juillet, la Gironde fait partie des départements avec le taux d'incidence le plus élevé, comme l'essentiel des départements côtiers. Pour autant, Yann Bubien n'exprime « pas de craintes d'engorgement au moins pour les trois prochaines semaines ». Le patron du CHU bordelais se dit « vigilant mais pas alarmiste » car selon lui, la vaccination porte ses fruits et devrait permettre d'aplatir la vague.
Anticiper tous les scénarios
En Île-de-France, le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) sur le départ Aurélien Rousseau affiche un visage moins optimiste. « Au bout de trois vagues, on n'a plus aucun doute : oui, il y a aura un impact sur les hôpitaux. Le rouleau arrive, on l'entend déjà sans le voir mais on n'est pas encore face au mur d'eau », a-t-il déclaré dans une interview publiée ce dimanche dans « le JDD ». « Il demeure des inconnues nombreuses mais il n'y a pas de doute, les hôpitaux seront à nouveau sous forte pression et plus le nombre de vaccinés sera élevé, plus nous pourrons faire face », prévient le responsable.
Constat partagé par le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui exprime une « vraie crainte » bien qu'il ne constate pas de « problème d'engorgement pour le moment ». Le chef du service de néphrologie pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades confesse une « grande incertitude » sur deux questions principales : quand et quel niveau atteindra le pic de cette quatrième vague à l'hôpital ? « Il faut anticiper les différents scénarios y compris le pire qui consisterait, si les admissions remontaient avant la fin des congés d'été, à rappeler du personnel pendant les vacances », prévient le PU-PH.
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