Le patron du CHU lyonnais prend sa retraite

Daniel Moinard : « le vrai chantier, c’est l’évaluation de la pertinence des actes »

Publié le 24/10/2012
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LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Le redressement financier faisait partie de vos missions prioritaires à votre arrivée début 2011. Où en est le CHU de Lyon ?

DANIEL MOINARD - Il a connu son année la plus noire en 2008, accusant alors plus de 94 millions d’euros de déficit. Fin 2012, ce déficit sera de moins de 15 millions d’euros, soit moins de 1 % de son chiffre d’affaires. Ce redressement a été acquis au prix d’efforts drastiques, de la part de tous les personnels.

Vous partez à la retraite car vous êtes atteint par la limite d’âge désormais imposée aux dirigeants d’établissements publics d’État. Avez-vous des regrets ?

Au moins deux : d’abord, de n’avoir pu mener à son terme le projet médical « Cap 2013 » du CHU, initié par mon prédécesseur. Je n’aurai donc pas « franchi le cap » ! Ensuite de n’avoir toujours pas trouvé la solution pour résoudre les conflits d’égos entre les stars médicales. Ces conflits de Narcisse font perdre du temps, gaspillent de l’énergie, freinent les projets. Je pars à la retraite sans avoir su détecter l’astuce miracle susceptible de les dénouer !

L’histoire médicale de Lyon et de son CHU doit beaucoup à son vaisseau amiral, l’hôpital Edouard-Herriot, dont la restructuration a été enfin enclenchée cette année. Où en est-elle ?

La première tranche, qui représente une enveloppe de 120 millions d’euros, dont 20 sont attendus de l’État, prévoit de regrouper au sein d’un seul bâtiment les activités de chirurgie ambulatoire, l’imagerie et les urgences. Cinq équipes ont été retenues, la lauréate sera connue fin décembre. Le chantier pourra alors démarrer.

Le CHU lyonnais évolue dans un environnement concurrentiel sévère, il a du mal à conserver ses parts de marché face aux puissants secteurs privé et ESPIC. Le quittez-vous affaibli ?

La configuration de l’offre de soins lyonnaise est particulière, avec une offre privée dynamique. Le CHU n’enregistre pas de progression d’activité et ne gagne pas de parts de marché mais il ne cesse de s’adapter. Les projets de suppression des doublons, de mutualisation des lits, de stratégie d’alliance s’y multiplient. Un partenariat original avec l’hôpital Saint-Luc-Saint-Joseph vient d’être signé, qui sera déterminant pour les soins aux grands brûlés.

Quel est l’enjeu principal de l’hôpital public aujourd’hui ?

La clé de la modernisation de l’hôpital français passera par un chantier majeur, dont les médias et les autorités sanitaires parlent trop peu, comme s’il s’agissait d’un tabou : l’évaluation de la pertinence des actes médicaux. Les dispositifs de contrôle dont se contente l’assurance-maladie relèvent de la simple comptabilité ; on est encore à des années lumière d’une véritable évaluation coût/qualité. La France doit adopter une véritable démarche d’évaluation de l’activité médicale dans ses hôpitaux pour savoir enfin ce que son système contribue à financer. Les Français y sont non seulement favorables, mais ils y sont prêts !

 PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD CLAVAY

Source : Le Quotidien du Médecin: 9180