D’où est venue cette idée de pont aérien médical ?
DENIS THURIOT : À la fin de mon premier mandat, les médecins dijonnais que je sollicitais pour venir à Nevers me répondaient : on aime bien Nevers, mais il est hors de question de se coltiner cinq à six heures de voiture ou de train aller-retour dans la journée pour aller y exercer. Je me suis dit : je suis président de l’aéroport, j’ai les outils. Essayons d’organiser un pont aérien pour faire venir ces praticiens et leur permettre de rentrer chez eux le soir même. J’y ai été encouragé par le directeur du centre régional de lutte contre le cancer Georges-François Leclerc (CGFL), situé à Dijon.
Nous avons ensuite croisé les besoins de l’hôpital de Nevers avec les disponibilités de médecins volontaires du CGFL. Nous avons arrêté notre choix sur une journée hebdomadaire, le jeudi, à laquelle pourraient s’inscrire les médecins désireux de nous aider. Le CHU de Dijon a également fait passer le message aux praticiens qui venaient déjà chez nous en voiture ou en train. Enfin, SOS Médecins Dijon nous a rejoint dans l’aventure et a désormais une antenne à l’hôpital nivernais.
Comptez-vous augmenter la fréquence des rotations ? En avez-vous les moyens ?
Je compte augmenter le nombre de rotations dès la mi-mars et créer en parallèle les Flying Juniors, à destination des docteurs juniors pour la prochaine session de l’internat, au mois de mai. Une rotation partirait le lundi matin et les ramènerait le vendredi soir à Dijon. Ce vol retour pourrait aussi embarquer les médecins qui viennent le jeudi et restent jusqu’au lendemain chez nous. Et pourquoi pas, peut-être, une troisième rotation dans la semaine. Enfin, si on trouve des urgentistes de nuit qui sont partants, on ne s’interdit pas une rotation Dijon-Nevers le lundi soir qui les ramènerait le mardi matin.
Aujourd’hui, c’est l’hôpital de Nevers qui paye. Mais avec les recettes générées par l’activité des médecins qui interviennent grâce au pont aérien, le bilan financier est plutôt positif. Je songe ouvrir une autre ligne aérienne régulière pour les médecins libéraux. Je ne peux pas les faire voyager dans un avion payé par des finances publiques mais si le coût était partagé, peut-être qu’on pourrait faire quelque chose d’intéressant.
Vous avez changé de compagnie aérienne l’an dernier. Était-ce une réponse aux élus écologistes qui dénonçaient le bilan carbone de l’opération ?
Pas du tout. À l’origine, on avait retenu l’avion huit places. Or on s’est aperçu que ce n’était pas toujours optimum. Nous avons donc privilégié une compagnie qui propose deux avions quatre places. C’est moins cher. Quand on a huit médecins, on fait voler les deux. Quant à l’empreinte carbone, le calcul est vite fait. L’avion évite que les médecins ou les patients ne prennent leur voiture pour faire l’aller-retour d’un hôpital à l’autre. Enfin, la compagnie aérienne à laquelle nous avons recours est sensibilisée aux problématiques d’environnement et utilise un carburant vert.
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