Cela ne fait plus aucun doute, à l’hôpital, la troisième vague épidémique est bien là. Avec 4 974 patients malades du Covid-19 enregistrés lundi 29 mars en réanimation (selon Santé publique France), le pic de l’automne – atteint le 16 novembre dernier – a été dépassé. Sur le terrain, et notamment en Île-de-France, les médecins redoutent un débordement et craignent d’être contraints de pratiquer une « médecine de catastrophe ».
Comme lors des deux premières vagues, les hôpitaux ont recours aux déprogrammations pour libérer des lits et du personnel et accueillir un flux de patients Covid toujours plus important. Une stratégie qui se répète non sans risques : dans une étude rendue publique ce mardi, la Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé à cet égard l’impact majeur de la crise sur l’activité non Covid pour l’année 2020.
70 % des déprogrammations lors de la première vague
Au total, les établissements de santé tous secteurs (public, privé lucratif et non lucratif) ont accusé une baisse d’environ 2,3 millions de séjours par rapport à l’année 2019. Parmi eux, 1,4 million concerne la médecine (-12 %) et 900 000 sont des séjours de chirurgie (-15 %) – dont 500 000 en ambulatoire et 400 000 en hospitalisation complète.
Ces chiffres sont le résultat d’une incitation à la déprogrammation, survenue selon des dynamiques très différentes. Près de 70 % des déprogrammations ont eu lieu lors de la première vague, brutale, du printemps dernier, précise l’étude de la FHF. À cette période, la chirurgie a connu un effondrement de 72 % et la médecine de 49 %. En comparaison, la deuxième vague n’a entraîné qu’une chute d’activité de 15 % en chirurgie et de 14 % en médecine.
« Cela illustre une stratégie beaucoup plus graduée lors de la deuxième vague », analyse Cécile Chevance, à la tête du pôle finances de la FHF. En effet, lors du premier confinement, le plan blanc avait été déclenché au niveau national. Cet automne, « les soignants ont dû faire face à deux fronts en même temps, ce qui explique leur fatigue », poursuit la responsable.
Neurochirurgie, transplantation rénale…
Si elle permet d’augmenter les capacités de réanimation, « la déprogrammation n’est pas une solution sans conséquence grave » rappelle Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. Si certaines « interventions dites légères, sans conséquences vitales à court terme » ont pu être décalées − comme la cataracte qui a connu une baisse de 20 % −, la FHF s’inquiète surtout du « nombre très important d’interventions lourdes voire vitales » qui « ont été déprogrammées sans être rattrapées en cours d’année ».
Elle cite l’activité de neurochirurgie et de chirurgie du rachis qui « a connu un effondrement lors du premier confinement » (-56 %). Au total dans ces deux disciplines, 15 000 séjours n’ont toujours pas été rattrapés. La transplantation rénale a connu une dégringolade de 30 % de son activité sur l’année, « sans rattrapage notable ». Tout comme la pédiatrie qui a perdu 20 % d’activité, soit 230 000 séjours. Enfin, le nombre d’IVG a diminué de 9 % sur l’année.
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