Démontrer que « la médecine libérale et le monde hospitalier sont prêts à se parler ». C'est l'obsession du Dr Jean-Pierre Jardry, auteur en 2018 d'un rapport pour la Fédération hospitalière de France (FHF) sur la question.
À l'occasion du récent salon Paris Healthcare Week, le généraliste cannois a donné la parole à des confrères du Sud de la France qui, comme lui, contribuent au rapprochement des deux mondes. Le Dr Laurent Saccomano, président de l'URPS médecins libéraux PACA, en convient : monter une maison médicale de garde accolée à l'hôpital marseillais de La Timone (AP-HM) était « totalement inenvisageable » il y a quelques années. Les mentalités médicales et les besoins des patients évoluant – contrairement aux moyens – les médecins libéraux des Bouches-du-Rhône « réfléchissent aujourd'hui à l'idée d'intervenir dans les locaux hospitaliers » du grand CHU marseillais. « Nous n'avons plus le choix, il nous faut trouver ensemble une solution commune », insiste le généraliste angiologue.
À 250 km de là, aux portes du parc national du Mercantour, Thierry Loirac, directeur de l'hôpital de proximité de Sospel, ville de 3 800 âmes, a mené des réunions pendant deux ans avec les médecins libéraux de la vallée, ce qui n'était « pas toujours facile ». « Il nous fallait restructurer toute notre offre de soins au regard de la démographie médicale préoccupante », se souvient-il. Soignants et décideurs ont retroussé leurs manches pour créer deux maisons de santé (MSP) dans les locaux de l'hôpital de Sospel et à Breil-sur-Roya (2 200 habitants). « Sans ça, seuls deux médecins, dont moi, auraient assuré en 2020 les soins pour toute la vallée. Infaisable ! », témoigne le Dr Jean-Louis Gerschtein, médecin généraliste de la MSP de Breil-sur-Roya.
Dans sa ville, un tiers de temps infirmier de l'hopital est partagé avec la structure libérale pour assurer la coordination. En cas d'urgences vitales ou de soins non programmés nécessitant l'intervention du médecin traitant, une infirmière hospitalière se déplace en soutien du praticien. Labellisée en 2013, la maison de la Roya est devenue multisite en 2017 avec l’ouverture d’une consultation quotidienne de médecine générale dans l'hôpital de proximité de Tende, à une heure de route.
Dernière innovation : les honoraires sont partagés à égalité entre les praticiens libéraux. « Le jeune qui vient de s'installer gagne autant que moi à la fin du mois », se réjouit le Dr Gerschtein, en activité depuis 25 ans. Ce dispositif paye : deux jeunes médecins ont posé leurs valises en 2017 et deux autres sont attendus en 2020.
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