À L’OCCASION de la première des « Rencontres de la santé », organisées par « Décision & Stratégie Santé », qui s’est tenue à Lyon sur le thème de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), les présidents des ordres professionnels et les directeurs d’établissement invités à s’exprimer sur la nouvelle gouvernance régionale ont presque unanimement fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis de la T2A (tarification à l’activité) et de la pérennité des financements.
Excepté le Dr Bernard Minne, président de l’Ordre régional des pharmaciens de Rhône-Alpes, qui a qualifié la loi HPST de « loi extraordinaire », les sept autres participants à cette table ronde n’ont pas fait montre d’un grand optimisme sur le sujet, c’est le moins que l’on puisse dire. Face à l’agitation qui anime actuellement l’AP-HP de Paris, et celle qui couve au sein du CHU lyonnais, le Pr Olivier Claris, président nouvellement nommé de la commission médicale d’établissement (CME) aux Hospices Civils de Lyon (HCL), a préféré faire d’emblée savoir qu’il ne faisait pas partie « de ceux qui disent que les médecins ont perdu du pouvoir ». Il faut dire que cinq jours plus tôt, la vice-présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR), Nicole Smolski, qui exerce au sein des HCL, écrivait dans un courriel adressé aux médecins du CHU que « les directeurs s’étant décidé à entrer en guerre contre la loi HPST », elle les avait contactés afin de « constituer un front commun contre l’évolution marchande de la santé ». Olivier Claris a dit « partager les inquiétudes de l’AP-HP », mais affirmé que les HCL n’en devaient pas moins se réorganiser et « dégager des marges bénéficiaires pour sa survie ». En revanche, il a rallié le camp des nombreuses critiques sur la T2A qui ont fusé lors de cette session.
Inadaptée à la réadaptation !
Invité comme « grand témoin », Alain Coulomb, aujourd’hui consultant et qui a présidé le comité d’évaluation de la T2A, n’a pas convaincu, même en dépit de sa métaphore médicalisée, que cette tarification aurait « plus révélé les défauts du système qu’elle n’en aurait créé ». « Il n’y a pas de juste mesure des besoins : la T2A n’est pas adaptée à l’hôpital public », a martelé le Pr Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire de Lyon et député (PS). Paradoxalement, Philippe Pouget, président de la Fédération de l’Hospitalisation Privé (FHP) de Rhône-Alpes s’est également plaint d’une pratique de la T2A, depuis cinq années déjà, « sur des choix limités d’un point de vue médical ». Et d’ajouter : « On ne veut plus aller dans ce sens ». Encore plus véhément sur le sujet, le directeur du centre de réadaptation des Massues à Lyon, établissement PSPH qui, par la loi HPST, deviendra ESPIC, a vivement dénoncé l’application de cette tarification en soins de suite et réadaptation (SSR) : « Les équipes ministérielles ont conçu un modèle pour Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO), inadapté aux SSR », a-t-il expliqué. Michel Chanteur a aussi critiqué « l’absence de lien entre le coût et la qualité dans la loi HPST ». En définitive, les seuls ayant vraiment abordé la question du jour, à savoir la gouvernance régionale, ont été ceux qui en sont exclus ! « Je reste sur ma faim », a lâché le Dr Jean Derrien, président de l’URML Rhône-Alpes « puisque les effecteurs de santé ne participeront pas aux agences régionales de santé ».
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne