La semaine dernière, « le Canard enchaîné » révélait que l’hôpital public Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) avait réservé 9 chambres et une salle de détente pour un émir du Golfe et sa garde rapprochée, du 8 au 13 mai. L’émir a été opéré en orthopédie et l’hôpital a mis les petits plats dans les grands : mise en place de fax, téléphone et réseau Internet, installation de jets d’eau dans les toilettes, personnel sur le pont, rapportait l’hebdomadaire satirique.
Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP, s’est justifié dimanche dans les colonnes du « JDD ». « J’assume ce côté "Robin des bois" : à un moment où nous avons besoin de tous les moyens pour soigner les plus modestes (...) gagner de l’argent sur ces patients qui en ont les moyens, cela ne me choque pas », réagit-il. « Renoncer à ces riches patients serait contre productif », ajoute le DG.
Des séjours surfacturés de 30 %
L’AP-HP a mis en place ces derniers mois une filière pour patients étrangers fortunés - un sujet sensible qui rencontre des résistances au sein du corps médical. Le CHU francilien vise 1 % de patients étrangers par an, soit un gain en année pleine de 8 millions d’euros (à rapporter au déficit s’élevant en 2013 à 60 millions d’euros).
L’AP-HP a obtenu une dérogation pour surfacturer de 30 % le séjour de ces patients étrangers.
Quatre hôpitaux (sur les 37 que compte l’AP-HP) ont été sélectionnés pour accueillir la filière VIP : Cochin, Necker, la Pitié-Salpêtrière et Pompidou.
De janvier à avril 2014, environ 1 000 riches patients étrangers ont déjà été pris en charge à l’AP-HP, ce qui a permis de dégager une marge de 2,5 millions d’euros, précise Martin Hirsch. Pour toute l’année 2014, le patron de l’AP-HP pense atteindre environ 3 000 patients étrangers fortunés ainsi accueillis.
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