Hôpitaux : opérer en ambulatoire amène les architectes à réviser leurs plans

Publié le 13/06/2014
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Crédit photo : S. TOUBON

Le ministère de la Santé souhaite qu’une intervention sur deux soit réalisée en ambulatoire en 2016 (aujourd’hui, c’est quatre interventions sur dix). Les architectes, au même titre que les chirurgiens, doivent s’adapter : le virage ambulatoire révolutionne complètement la conception des bâtiments hospitaliers. Ce sujet a été abordé lors de la convention FHP-MCO, ce jeudi, à Paris.

Certains établissements jouent les poissons pilotes et se reconstruisent en réduisant considérablement leur capacité d’accueil. C’est le cas du pôle hospitalier privé de Bayonne-Biarritz, en pleine restructuration.

« Passer de 477 à 254 lits et places, c’est possible », affirme ainsi Nicolas Bobet, directeur régional de Capio. L’histoire débute avec le rachat par Capio de cinq cliniques à Bayonne. Les locaux étaient trop vétustes pour être rénovés. Reconstruire un établissement en maintenant la capacité actuelle aurait fait tripler le loyer. « Il a fallu qu’on parte sur un autre modèle, observe Nicolas Bobet. On est sorti de la logique de lits pour adopter une logique de séjours. »

Huit cataractes par jour et par place en ambulatoire

Le nouvel établissement bayonnais, en cours de construction, ouvrira ses portes en 2015. Capio a monté le business plan en misant sur l’ambulatoire et la récupération rapide après chirurgie. Trente-quatre places d’ambulatoire sont prévues, dont le turnover sera optimisé au maximum. En endoscopie, cinq patients par jour et par place d’ambulatoire sont ainsi programmés. Le taux monte à huit patients par jour et par place pour l’opération de la cataracte. En deçà de ces « rendements », la future clinique perdra de l’argent.

Le cabinet AIA a conçu les plans – les zones de circulation plus larges, les parois coulissantes pour passer d’une zone à l’autre et limiter les transferts de patients. L’architecte Olivier de la Barre, administrateur de la fondation AIA, observe que la baisse des surfaces d’hébergement est une tendance nationale, de même, a contrario, que la hausse des surfaces des plateaux techniques. L’organisation des flux évolue, les plans avec : « Avant, l’ambulatoire était organisé hors du bloc car on considérait que les protocoles d’hygiène étaient différents. Aujourd’hui, l’ambulatoire est de plus en plus imbriqué dans l’enceinte même du bloc », note l’architecte.

L’ouverture de centres ambulatoires autonomes en question

Cas extrême, l’ambulatoire peut être carrément intégré au sein du plateau technique. La France s’achemine-t-elle vers l’ouverture de centres ambulatoires autonomes, comme aux États-Unis ? Des médecins libéraux pourraient-ils en prendre les commandes ? Le scénario inquiète le secteur hospitalier privé, qui ne tient pas à se voir dépossédé d’un de ses savoir-faire.

Dominique Polton, conseillère auprès du DG de la CNAM, estime que le débat mérite d’être ouvert. « L’idée n’est pas de dire que les actes seront proposés demain aux libéraux, qui le feront pour un coût moindre. L’idée, c’est de se demander si on n’a pas des normes trop lourdes pour certaines activités chirurgicales très fréquentes et standardisées, a-t-elle précisé. Optimiser les coûts de production pour les établissements suppose de réfléchir aux conditions d’organisation. »

Delphine Chardon

Source : lequotidiendumedecin.fr