Pris entre le marteau de la directive européenne (qui fixe le temps de travail hebdomadaire à 48 heures) et l’enclume des coupes budgétaires, le secteur public hospitalier italien sombre dans le chaos. « Réorganiser les plannings en respectant la réglementation est matériellement impossible car les hôpitaux manquent cruellement de personnel », résume Roberto Carlo Rossi, président de l’Ordre des médecins de Milan.
Situations grotesques
Depuis le 25 novembre, l’Italie s’est mise à l’heure européenne. Les blouses blanches comme les paramédicaux doivent désormais respecter strictement les paramètres fixés par Bruxelles. Mais l’application de ce cadre de travail qui représentait une victoire pour le milieu médical est en train de virer au cauchemar dans les hôpitaux. À Vercelli, dans le Piémont, le nombre de lits a été réduit de 99 unités, le personnel étant désormais très insuffisant depuis la réorganisation du temps de travail. À Salerne, au sud de Naples, les départements de pédiatrie, gynécologie, orthopédie et une partie des services d’hospitalisation de jour seront fermés à partir du 1er janvier.
La situation est particulièrement tendue en Sardaigne. Une greffe de rein a même dû être annulée au dernier moment à Cagliari il y a quelques jours, l’équipe chirurgicale ne pouvant pas risquer un dépassement horaire.« Cette situation est grotesque, ce dispositif européen est une tuile qui enfonce le système sanitaire italien », a asséné récemment Francesco Corcione, président de la société italienne des chirurgiens. « Appliquer les nouvelles normes ne veut pas dire faire sauter les opérations », clame aussi Alessandro Nanni Costa, directeur du centre national de greffes.
Janvier sera explosif
Le cercle est d’autant plus vicieux que, pour éviter les sanctions prévues par l’Union européenne, l’inspection du travail organise des contrôles ponctuels et imprévus dans les hôpitaux italiens.
« Pour sortir de cette impasse, la seule solution est de recruter », affirme le médecin gynécologue Marco Macrì. Le ministère de la Santé avait fait des promesses en ce sens... Mais les 6 000 recrutements programmés au début de l’année prochaine n’ont pas été inscrits dans la loi de stabilité 2016 pour des raisons de couverture budgétaire.
« En décembre, nous avons réussi à boucher les trous mais, en janvier, la situation va devenir explosive », redoute Massimo Cozza, secrétaire du syndicat de médecins CGIL medici.
De nombreux praticiens rappellent leurs contraintes professionnelles. « On ne peut pas faire semblant qu’il ne se passe rien pour respecter les onze heures de repos de sécurité prescrits par l’Union européenne. Il faut modifier la loi », analyse Patrizio Bernini médecin psychiatre hospitalier.
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non
Hôpitaux de Marseille : « l’affaire Adida est une déflagration », juge le DG de l’AP-HM François Crémieux
Santé des soignants : deux prix pour valoriser l’engagement des blouses blanches pour leurs pairs
Accès aux soins psy : l’alerte de la FHF