LE QUOTIDIEN : En mai dernier, vous avez pris la succession de Catherine Geindre à la tête de l'AP-HM dans une situation de crise sociale. Où en êtes-vous ?
Jean-Olivier ARNAUD : Quand je suis arrivé, le dialogue avait déjà repris ! J’ai rencontré toutes les organisations syndicales. Elles ont tenu à exprimer les difficultés que ressentent les personnes dans une situation financière difficile, pour ne pas dire détériorée. Ma collègue, Catherine Geindre, ne m’avait pas caché la situation. Je poursuis l'impulsion donnée, il n’y a pas d’autre choix. Restructurer, moderniser l’outil de travail pour les médecins et les équipes soignantes, informatiser, retrouver la voie d’une collaboration importante avec les établissements périphériques : c’est ce que font tous les établissements hospitaliers sauf que nous, on a peut-être tardé à s’y mettre ! Là, il faut aller un peu plus vite.
Vous poursuivez un plan de modernisation malgré un déficit de 41 millions d’euros…
Le déficit s’est répété depuis de nombreuses années et a créé des difficultés de trésorerie ; mais nous avons la volonté d’offrir la même qualité de soins. C'est pourquoi nous préparons un grand projet que nous présenterons au Copermo [Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins] en décembre. Il est en train d’être formalisé après avoir été voté par le conseil de surveillance. L’AP-HM a besoin d‘investir dans la rénovation de ses infrastructures immobilières et médicales. Étalé sur plusieurs années, le projet de modernisation des bâtiments concerne l’Hôpital Nord, la Timone adultes, l’hôpital pédiatrique auquel nous voudrions accoler une nouvelle maternité et l’Hôpital de la Conception.
Mais la restructuration ne concerne pas que les bâtiments. La création du Biogénopôle nous procurera des économies tout comme la standardisation des unités de soins, le regroupement des consultations externes en ambulatoire et le regroupement de la pharmacie. Il s’agit de rattraper notre retard.
Vous ne parlez pas de l’Hôpital Sainte-Marguerite ?
On va probablement regrouper des services pour pouvoir faire des cessions foncières qui serviront notre capacité d’autofinancement.
Allez-vous réduire le nombre d’emplois ?
Le volume des emplois n’a pas vocation à diminuer ; en revanche, les métiers peuvent changer. Il n’est pas sûr qu’on ait aujourd’hui toutes les qualifications adaptées sur les plateaux logistiques, les laboratoires, la pharmacie. Nous avons déjà augmenté considérablement le nombre de médecins, d'internes. Nous développons aussi des postes de médecins assistants qui vont partager leur temps entre l’AP-HM et les hôpitaux périphériques. Ce sont des collaborations territoriales majeures dans le cadre du groupement hospitalier de territoire.
Précisément, où en est la mise en place du GHT ?
Nous avons voté un projet médical partagé que nous devons mettre en œuvre. On redémarre les commissions par spécialité, y compris la psychiatrie. C’est dans ce cadre que s’installent les assistants en temps partagé. Nous allons travailler aussi sur le médicament, la biologie, les secours d’urgence. Nous sommes sollicités au niveau des équipes du SAMU ou de la cellule d’urgence médico-psychologique qui a œuvré récemment à la gare Saint-Charles [après l'attaque au couteau NDLR]. Certains étaient à peine rentrés de Saint-Martin…
Au-delà, nous nous efforçons de mettre en place une collaboration inter-hospitalière et à établir des relations avec d’autres GHT de PACA – Vaucluse, Var, ouest des Bouches du Rhône, Gap et Briançon.
Quels sont les défis les plus urgents ?
La question financière cristallise les crispations et la situation est très difficile pour les raisons déjà indiquées. Il faut donc aller vite dans notre réorganisation, avoir un rythme assez soutenu de changement tout en laissant le temps aux personnels de s’adapter. Il faut être rapide mais pas brutal.
Je suis confiant parce que je sens que les communautés médicales, soignantes et sociales souhaitent que l’AP-HM avance. J’ai l’appui de l’ARS, du président de l’Université, du doyen, de la mairie, des collectivités locales et de l’État. Il ne s’agit pas d’un appui inconditionnel mais si l’on montre que nos plans sont sérieux et que les projets avancent, je pense que nous serons soutenus.
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