Le taux global national de la chirurgie ambulatoire est passé de 36,2 % en 2009 à 54 % l'an dernier, note l'Association française de chirurgie (AFC) dans son rapport ad hoc présenté au 119e Congrès de la chirurgie ambulatoire.
Après des débuts « très tardifs » et poussifs à cause d'une « confusion » entre chirurgie ambulatoire et de courte durée, la pratique (fil rouge des 70es Entretiens de Bichat), a décollé dans les années 2010 sous l'impulsion de politiques tarifaires incitatives et d'actions de sensibilisation des tutelles de santé, explique le rapport. « Le taux d’ambulatoire pour la cure de hernie inguinale est passé de 6 % en 1997 à 52,8 % en 2013 », illustre l'AFC.
Malgré cette dynamique, l'association estime que le virage ambulatoire prôné par les pouvoirs publics « ne s’est pas encore totalement matérialisé ». Pour autant, « le changement de paradigme se fera très prochainement, avec un ambulatoire qui deviendra majoritaire ».
Signal positif, les écarts entre territoires s’amoindrissent. Pour 2015, seulement cinq points séparaient les régions à la traîne (Grand Est et Bourgogne Franche Comté avec un taux de 48 %) des bons élèves (pays de la Loire et PACA avec un taux de 53 %).
Des différences par spécialités
L'AFC relève une « évolution différenciée » selon les spécialités. En 2015, quatre gestes marqueurs affichent un taux de chirurgie ambulatoire inférieur à 50 % (chirurgie du sein, chirurgie ORL, chirurgie anale hors tumeur, cœlioscopie gynécologique). À l'inverse, six gestes enregistrent un taux de plus de 80 % (phimosis, canal carpien, extractions dentaires multiples, cataracte, Dupuytren et varices).
Le rapport se focalise sur « la variabilité des pratiques ambulatoires » en chirurgie digestive. On passe de 58 % sur la hernie à 39 % pour la chirurgie anale, 23 % pour les cholécystectomies, 13 % pour la chirurgie de l’obésité ou 3 % seulement pour la chirurgie colique. Ces chiffres « montre[nt] en miroir l’important potentiel de développement ambulatoire : globalement, 81 % en volume des actes de chirurgie générale et digestive relèvent d’une chirurgie classique donc sont éligibles à l’ambulatoire », analyse l'AFC.
Des lits fermés... mais pas de menaces sur l'emploi ?
Le rapport de l'AFC souligne que « la chirurgie ambulatoire et la récupération rapide après chirurgie (RRAC) vont bouleverser dans les années à venir le paysage hospitalier », notamment par la « fermeture de lits devenus inutiles, la modification de métiers [et] la diminution des infirmières et aides-soignantes ». Selon l'étude, un alignement des pratiques hexagonales sur les standards internationaux équivaudrait à la fermeture de quelque 98 000 lits (sur les 414 000 existants).
Ce n'est pas l'avis de l'Observatoire de l'hospitalisation privée, qui regroupe les syndicats des cliniques et des personnels (FHP, SYNERPA, CGT, FO, CFTC, CFDT, CFE-CGC). Après une enquête auprès de six cliniques (série d'entretiens avec la direction, l'encadrement et les équipes soignantes), l'organisation a jugé ce jeudi que la bascule de l'hospitalisation conventionnelle vers l'ambulatoire se fait « sans traumatisme du personnel » et n'engendre pas de perte d'emplois.
« Nous n'avons pas constaté de baisse drastique de l'emploi due au développement de la chirurgie ambulatoire, indique l'Observatoire. L'ambulatoire est certes vecteur de baisse d'emplois sur l'hôtellerie et les soins de nuit mais aussi d'augmentation de l'activité. Cette augmentation compense une éventuelle perte ».
70% des actes chirurgicaux en ambulatoire en 2022 ?
« D'ici à 2022, je souhaite porter la médecine ambulatoire à 55% et la chirurgie ambulatoire à 70% », contre 43% et 54% aujourd'hui, a déclaré Mme Buzyn au premier jour des 70e Entretiens de Bichat, rendez-vous annuel consacré à la formation continue des médecins. La ministre de la Santé a concédé que le développement de l'ambulatoire impliquait « de lever un certain nombre d'obstacles », dont celui du financement. « Les recettes générées sont inférieures à celles réalisées auparavant en hospitalisation complète », a-t-elle admis.
À ses yeux, le développement de l'ambulatoire réclame une « meilleure coordination » entre l'hôpital et la médecine de ville et une « adaptation de la tarification en logiques de parcours ».
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