C’est la fin d’un long combat pour Monique Nadanowska. Il aura fallu plus de 10 ans à la veuve de Joseph Nadanowska, aidée dans sa démarche par l’avocat Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et des filles des déportés juifs de France, pour connaître enfin les raisons du placement à l’Assistance publique de son mari, décédé en 2004.
Celui qui n’avait eu de cesse de son vivant de réclamer, en vain, à l’administration qui l’avait recueilli les pièces de son dossier ne saura donc jamais que sa mère, une juive polonaise de 28 ans, ne l’avait pas abandonné, mais qu’elle avait été arrêtée par la police française avant d’être déportée et assassinée au camp d’extermination d’Auschwitz.
C’est pour témoigner de cette tragédie personnelle et de celle de tous les enfants de confession juive recueillis pendant la période de l’Occupation nazie que l’AP-HP a décidé de poser dans le hall de son siège parisien une plaque commémorative. Une plaque contre l’oubli et pour « reconnaître les fautes d’une administration qui a peut être sauvé des enfants, mais qui n’a pas su reconnaître le caractère exceptionnel de leur destin et déroger à ses règles pour leur dire la vérité sur leur propre histoire et celle de leurs parents », a reconnu Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP.
Un probable refuge dans la société française
Au-delà du symbole gravé dans le marbre, M. Hirsch a également souhaité qu’une étude historique accompagne cette démarche et vienne éclaircir le destin de ces enfants juifs recueillis à cette époque par l’Hospice des enfants assistés du département de la Seine.
Dirigé par Antoine Rivière, maître de conférences à l’Université de Paris 8, ce travail mené au sein des archives de l’AP-HP ouvertes pour l’occasion n’est, pour ce dernier, que « le premier jalon posé sur un front pionnier de la recherche historique ». Si le peu de temps imparti pour la réalisation de cette étude ne permet pas de répondre à de nombreuses questions qui restent en suspens, celle-ci éclaire toutefois d’un jour neuf le rôle qu’a pu jouer l’Assistance publique dans la protection de ces enfants de confession juive, proies toutes désignées des meurtriers du régime nazi et de ses auxiliaires zélés de la police française de Vichy.
Parmi les 55 000 mineurs recueillis par l’Assistance publique de Paris entre 1940 et 1944, 184 enfants juifs ont été identifiés, sans que ce recensement ne prétende à l’exhaustivité. Parmi eux, 25 âgés de 2 à 17 ans ont été déportés à Auschwitz et un seul en est revenu. Parmi ces 25 enfants déportés, 23 avaient été auparavant repris par leur famille et ne faisaient plus partie des enfants assistés au moment de leur arrestation. Il semblerait donc que ces enfants, à l’inverse de leurs parents, aient été relativement épargnés par les persécutions.
Une froide égalité de traitement
Pour A. Rivière, l’explication décisive « est sans doute que ni la Gestapo ni la police française n’ont jamais cherché de façon systématique à identifier les juifs parmi les milliers d’enfants placés sous la protection de l’Assistance publique de Paris ». La seconde explication « tient à ce que l’administration parisienne a traité les enfants juifs comme elle traitait les autres enfants, guidée par une culture forgée et éprouvée depuis plus d’un siècle ». Ce « respect scrupuleux des règles et des principes de l’Assistance publique » a donc « fonctionné, semble-t-il, comme un garde-fou (et a) fait que l’institution parisienne a été pour eux un refuge ». Cependant, « cette froide égalité de traitement, sans doute salutaire pendant le conflit, a pu apparaître comme intolérable au lendemain de la guerre, lorsqu’elle a empêché les retrouvailles familiales, condamné certains enfants à vivre dans l’ignorance, ou retardé la reconnaissance de leur statut de victimes ».
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