• Pr Bernard Debré, chef du service d’urologie à Cochin (AP-HP) :« Un plombier, c’est aussi cher qu’une prostatectomie. Si on veut faire mourir l’hôpital, il suffit d’interdire le secteur privé ! Plafonner les dépassements serait tout aussi absurde : le secteur optionnel, ce n’est pas pour les mandarins. Si on veut des grands médecins dans les hôpitaux français, il faut leur laisser un peu de liberté. Il serait plus intelligent de chercher à récupérer les patients étrangers, comme le font les hôpitaux allemands. Une anecdote : il y a des années, un homme du Golfe est venu me voir, il voulait être opéré de deux calculs. Il m’a demandé le prix de la consultation, 100 francs, et le prix de l’opération, 1 200 francs. Ça lui a semblé si suspect qu’il a filé à l’hôpital américain.
Personnellement, j’ai demandé au Conseil de l’ordre de Paris de fixer, à titre indicatif, une fourchette de dépassements acceptables, que tous les professeurs de mon service respectent depuis trois ans. Je ne voulais pas qu’on dépasse trop : c’était tentant face à un émir, un ministre étranger ou un grand chef d’entreprise. Nous sommes dans les clous. Personnellement, j’ai perçu 111 000 euros d’honoraires en 2011. Après redevance, le secteur privé me rapporte 3 000 euros par mois ».
• Un autre célèbre urologue parisien réagit anonymement :« Cette attaque est récurrente, surtout avant une élection. C’est facile, c’est populaire, on jette à la vindicte générale les médecins arracheurs d’argent. Qu’on arrête de voir le problème par un seul bout de la lorgnette : les dépassements sont pris avec tact et mesure par des gens compétents. Ce n’est qu’à la demande des gens que les dépassements existent. Il n’y a pas de médecine à deux vitesses, les délais d’attente sont les mêmes quel que soit le secteur. Et si par hasard les gens se sont égarés et arrivent chez moi en secteur privé, je ne leur facture pas de dépassement s’ils n’ont pas les moyens de payer. J’ai baissé mes dépassements de 40 % depuis trois ans, et je reverse 60 à 70 000 euros par an à mon hôpital, très content de récupérer cet argent. Plafonner les dépassements à trois ou quatre fois le tarif opposable me paraîtrait raisonnable. En dessous, ce ne serait pas à la hauteur de notre cursus. Les tarifs opposables sont très faibles vus les titres et la notoriété que l’on a ».
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