C'est finalement le maire (Horizons) de Reims qui prend aujourd'hui la succession du maire (de la même étiquette) de Fontainebleau pour diriger le principal lobby de l'hôpital public. Arnaud Robinet a été élu ce mercredi matin à la présidence de la Fédération hospitalière de France (FHF), pour un mandat de trois ans, dans le fauteuil de Frédéric Valletoux qui a, lui, fait son entrée à l'Assemblée nationale en juin dernier.
Dans un entretien au « Quotidien », le 9 septembre, le président (depuis 2018) de la FHF Grand Est avait indiqué vouloir « s'inscrire dans la lignée des actions » menées par son prédécesseur depuis 11 ans. Praticien hospitalier en pharmacologie, il s'est imposé assez nettement – avec 35 voix contre 25 et une abstention – face à son unique challenger, le Pr Jean-Louis Touraine, immunologue et ancien député du Rhône (socialiste puis converti en 2017 à LREM) qui s'était préparé depuis plusieurs années.
Dans un communiqué, la FHF indique que son nouveau président élu par le conseil d'administration entre immédiatement en fonction. « Ses principes directeurs seront l’écoute, la crédibilité et l’ouverture, fait savoir la fédération. Son action se concentrera notamment sur la question des ressources humaines, du financement, de la prévention ainsi qu’au travail de proximité avec les territoires. L’autonomie et le médico-social, les conditions de travail des professionnels ainsi que la crédibilité financière seront au cœur de l’engagement du nouveau président. »
Plus jeune député UMP
Âgé de 47 ans, ce fils de commerçants de la capitale de la Champagne avait été pressenti, à plusieurs reprises, comme ministre de la Santé. Avant d'être élu à l'Assemblée nationale en 2008 où il a été le plus jeune député UMP de cette mandature, il a été maître de conférences – praticien hospitalier en pharmacologie à l'université et au CHU de Reims, et président du conseil de surveillance de ce même CHU. Après trois échecs en première année de médecine, il s'était réorienté vers la recherche en biochimie et biologie moléculaire à la faculté de médecine de Reims obtenant son doctorat en 2003.
Arnaud Robinet a été réélu au palais Bourbon en 2012 avant de devenir deux ans plus tard maire de sa ville natale. À l'Assemblée, celui qui devient aujourd'hui nouveau patron de la FHF a laissé le souvenir d'un parlementaire impliqué et indépendant. Il n'avait pas hésité à s'abstenir lors du vote de la loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST), pourtant défendue par une ministre de droite, Roselyne Bachelot, jugeant le texte un peu trop « fourre-tout ».
Cette même liberté d'esprit lui avait fait regretter que la loi Bertrand sur la sécurité sanitaire des produits de santé adoptée de décembre 2011, dont il était pourtant le rapporteur, soit trop focalisée sur les visiteurs médicaux. Pendant le mandat suivant, Arnaud Robinet s'est opposé à l'Assemblée aux projets de santé du gouvernement. Il a prophétisé dès octobre 2014 que le tiers payant généralisé obligatoire serait « la plus grave erreur du quinquennat ».
Maire de Reims
Nommé par Nicolas Sarkozy secrétaire national de l'UMP en charge des questions de santé, fin 2014, Arnaud Robinet a pu asseoir son autorité sur ces sujets. En mars 2015, lors d'une question orale à l'Assemblée, Arnaud Robinet avait apostrophé Marisol Touraine sur son projet de loi qu'il qualifiait d'« indigeste et illisible ». Dans une anaphore, il conseillait la ministre : « Écoutez, les généralistes, écoutez les praticiens hospitaliers, écoutez la majorité silencieuse des patients, écoutez les consommateurs, écoutez les entreprises de la nouvelle économie », autant de catégories ayant de bonnes raisons, selon lui, de ne pas vouloir du projet de loi.
Soutien de Bruno Le Maire lors des primaires de la droite et du centre en 2016, Arnaud Robinet n'a pas été avare de critiques à l'encontre de François Fillon. Puis juste après l'élection d'Emmanuel Macron, le maire de Reims (qui a choisi de préférer sa ville à l'Assemblée nationale) s'associe à un appel lancé par une vingtaine de responsables de la droite et du centre, qui annoncent vouloir « répondre à la main tendue par le Président ».
Soutien d'Emmanuel Macron
Militant de la légalisation du cannabis, il en propose en 2020 l'expérimentation dans sa ville où il vient d'être réélu. Dans un courrier adressé le 10 juin de la même année à Emmanuel Macron, le maire pointe alors « le caractère inacceptable » des demandes d’économies faites au CHU de sa ville, « à savoir une réduction de 24 % de ses lits de médecine et de chirurgie ». Quelques semaines plus tôt, lors de l'éviction de Christophe Lannelongue de la direction de l'ARS Grand Est, il avait dénoncé auprès du « Monde », une décision « purement politique ».
À la fin de l'année 2021, devenu également vice-président de la Région Grand Est, il quitte officiellement Les Républicains pour rejoindre Horizons, le nouveau parti d'Édouard Philippe, avant d'annoncer logiquement en janvier son soutien à Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle de 2022.
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