Nomination à la tête des urgences de l’HEGP

Les détracteurs du Pr Juvin veulent lui enlever sa nouvelle casquette

Publié le 29/02/2012
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Crédit photo : S TOUBON

LE PR PHILIPPE JUVIN a été officiellement nommé chef des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP)*. Il remplace le Dr Alain Davido qui occupait ce poste depuis l’ouverture de l’hôpital en 1999 et devait partir à la retraite en novembre. Mais cette nomination n’enchante pas la communauté hospitalière. Sur le fond comme sur la forme.

Le Dr Bruno Devergie, président du syndicat des praticiens de l’hôpital public, le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH, le Dr Anne Gervais, membre de la CME de l’Assistance-Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), les Prs Bernard Granger et André Grimaldi, respectivement secrétaire et président du Mouvement de défense de l’hôpital public et le Dr Christophe Prudhomme (CGT santé) demandent à la directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère, de revenir sur cette décision. Dans une lettre ouverte, ces praticiens crient au « scandale ». Ils reprochent à l’ancien chef des urgences de Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine) de porter déjà trop de casquettes pour prétendre à cette nouvelle fonction. Selon eux, « il est matériellement impossible à Monsieur Juvin d’exercer à temps plein son emploi hospitalo-universitaire pour lequel il est pourtant rémunéré à taux plein ». « Nous sommes donc devant un cas d’emploi en grande partie fictif », affirment ces responsables.

Demande d’enquête IGAS.

En dehors de ses activités hospitalières, le Pr Juvin, 48 ans, est secrétaire national de l’UMP, député européen, maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) et conseiller santé officieux de Nicolas Sarkozy. Joint par « le Quotidien », Philippe Juvin déplore cette polémique. « On ne m’a jamais reproché de cumuler des fonctions quand j’étais chef de service aux urgences à Beaujon qui s’est classé premier au classement d’un hebdomadaire l’an dernier, souligne-t-il. Et puis l’HEGP m’a embauché en connaissance de cause. » Le Pr Juvin balaie également les accusations de « copinage » avec le chef de l’État avancé par certains : « J’ai été nommé à l’issue d’une procédure rigoureuse qui a duré deux ans et à laquelle ont participé trois candidats ».

Les opposants au Pr Juvin estiment que sa nomination a été « émaillée d’anomalies » - vote de la CME « suspect d’irrégularité », rattachement d’une unité de l’hôpital Corentin Celton aux urgences de Georges Pompidou pour « enclencher la procédure de nomination » Ils demandent au ministre de la Santé l’ouverture d’une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). « Cette affaire dépasse les nominations habituelles, confie un praticien de l’HEGP. Mais le Pr Juvin est soutenu par l’Élysée. Rien ne pourra empêcher sa venue ».

*L’arrêté de nomination a été signé vendredi dernier par Élizabeth de Larochelambert, directrice du groupe hospitalier universitaire Paris-Ouest, auquel appartient l’HEGP, après « avis unanimes » de la directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère ; du chef de pôle, le Pr Jacques Pouchot ; du président de la CME de l’établissement, le Pr Alain Simon ; du doyen de la faculté de médecine, le Pr Patrick Berche, et du président de la CME de l’AP-HP, le Pr Loïc Capron.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9090