DEPUIS la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST), les hôpitaux locaux (HL) ont perdu leur nom. Et un peu de leur identité. « Nous sommes noyés dans l’ensemble des structures hospitalières et l’activité des médecins généralistes à l’hôpital est méconnue », déplore le Dr Pascal Gendry, président de l’AGHL.
Sur le terrain, cette crise identitaire se traduit par la fermeture, ces 5 dernières années, d’une centaine d’hôpitaux locaux (ils ne sont plus que 250 aujourd’hui) et la diminution du nombre de médecins généralistes qui y interviennent : ils sont passés de 3 500 à 2 500.
Des atouts au cœur d’un territoire.
« Nous ne sommes pas comme les autres », martèle pourtant le Dr Gendry. La particularité de ces HL est un fonctionnement qui repose principalement sur des généralistes libéraux à l’exercice mixte. En découle une approche à la fois globale et graduée de la prise en charge du patient dans son environnement avec un objectif systématique de pertinence des parcours et de continuité des soins (ville et séjours hospitaliers). Le suivi par le généraliste est possible à l’hôpital dans des lits de courts séjours, renforçant l’offre de soins sur un territoire donné.
L’ex-HL il est vrai ne manque pas d’atouts. Le Dr Bruno Bouvier, généraliste à l’hôpital de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) met en avant la complétude de la filière gériatrique, du court séjour à l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en passant par les soins de suite et de réadaptation (SSR) ou le long séjour (USLD). Cette activité non morcelée a des avantages à l’heure de l’explosion des pathologies chroniques, qui exige des efforts accrus en matière de coordination, de prévention ou d’éducation thérapeutique.
Ce modèle a aussi le mérite de tisser des relations interhospitalières, avec ici, des spécialistes d’organes, là, le plateau technique du centre hospitalier voisin, ou encore les consultations avancées. À tel point que, selon Annie Ravaillault, être directrice d’un hôpital local comme elle l’est dans le sud-ouest Mayennais, c’est être « directrice de santé de territoire de soins ».
À l’ile-d’Yeu, l’HL Dumonté et ses 25 lits a même été le moteur de la refonte des soins. Orienté vers la gériatrie, il s’est adjoint en 2008 une salle d’accueil spécialisée pour que cinq à six médecins libéraux assurent les premières urgences, puis, en 2010, un centre de santé avec sept médecins. Il s’est inscrit dans le groupement de coopération sanitaire (GCS) du Marais Breton Vendéen, a passé des contrats locaux de santé et propose désormais des consultations spécialisées grâce à des professionnels du continent. Son directeur le Dr Philippe Andrieux espère ouvrir demain...un pôle pluridisciplinaire et une consultation dédiée à l’Alzheimer. L’HL a donc permis ici de fédérer les énergies et de structurer l’offre territoriale de soins.
Spectre de la T2A.
Reste que la viabilité financière de ces structures est souvent fragile et hétérogène. Selon les chiffres de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), les HL sont mal répartis sur le territoire, la moitié se concentrant dans seulement 5 régions. Le nombre de séjours par an oscille entre 10 et 900 par établissement (la moyenne étant de 230) avec des durées de 15 jours. « Est-ce que cela a un sens de passer à la tarification à l’acte ? Pourquoi ne pas différencier les réponses selon les situations ? », s’interroge un chargé de mission de la DGOS. Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013 prévoit de reporter la mise en œuvre de la T2A pour les ex-hôpitaux locaux du 1er mars 2013 au 1er mars 2015. « Être dans la T2A, c’est échapper à notre logique de parcours », dénonce Muriel Jamot, chargée du médico-social à la Fédération hospitalière de France (FHF).
Bien loin d’envisager un quelconque repli, l’hôpital de proximité voudrait exporter son modèle au-delà des déserts médicaux. L’AGHL souhaite accueillir des internes de médecine générale et s’implanter sur l’ensemble du territoire pour mieux coordonner les soins de proximité.
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