Les « hôtels hospitaliers », ces hébergements temporaires non médicalisés proposés par les établissements à leurs patients, en amont ou en aval de leur prise en charge, devraient désormais monter en régime en France.
« Plusieurs expérimentations avaient déjà été menées à l’IGR [Gustave-Roussy, centre régional de lutte contre le cancer] ou à l’Hôtel-Dieu à Paris et, depuis la loi de finances 2015, un travail de préfiguration a été conduit par l’agence régionale de santé Île-de-France, a expliqué le Pr Jean-Pierre Béthoux, chirurgien consultant des hôpitaux, lors d'une table ronde du récent salon Paris Healthcare Week. Un décret autorise ces expérimentations à plus grande échelle [pour trois ans] et la direction générale de l’offre de soins vient de lancer un appel à projets pour multiplier ces initiatives ».
Marion Makaroff, responsable de la stratégie médicale des Hôpitaux universitaires Henri Mondor (AP-HP), y voit un moyen « d’accélérer le virage ambulatoire, tout en permettant de capter des patients plus éloignés géographiquement ». Avantages : une gestion des lits plus fluide et un confort amélioré des patients opérés grâce à ces « sas » entre l’hôpital et le domicile.
Studios et réservation des chambres par l’hôpital
La prestation d'hébergement est assurée par l'établissement, qui peut la réaliser dans ses propres locaux, ou la confier à un tiers (prestataire hôtelier ou associatif).
À Henri Mondor, 20 % des patients seraient éligibles à ce type d’hébergement, selon une enquête menée en février et mars dernier ciblant l’activité de vingt services, dont onze participeront à une expérimentation. Le choix de cet hôpital s’est fixé sur une solution « intra-hospitalière » avec l’aménagement de 10 studios pour démarrer, dont l’exploitation va être confiée à un prestataire hôtelier.
Le projet développé par l’hôpital des Quinze-Vingts repose, lui, sur 24 chambres « type appart hôtel » pour faciliter l’accueil du patient et d’un accompagnant. Un hôtel (dont la gestion est concédée) existe déjà dans l’enceinte de l’établissement, et les équipes hospitalières peuvent en assurer directement les réservations. « Le succès de cette formule peut être rapide, il nous appartient de bien informer les patients qu’il n’y a aucune prise en charge médicale ou soignante durant le séjour hôtelier », insiste Romain Duvernois, directeur adjoint de l’hôpital des Quinze-Vingts.
Le modèle économique devra faire ses preuves. « On ne sait pas à quelle hauteur l’ARS pourra nous aider dans cette démarche sur la base des financements FIR [fonds d'intervention régional]. Même chose du côté de la caisse primaire », déplore Romain Duvernois. L’hôpital a pourtant fait ses calculs. Cet accueil hospitalier permettrait à l’assurance-maladie d’économiser 350 000 euros chaque année, notamment sur les frais de transport. L’établissement a réclamé la moitié de ce budget à la caisse primaire, qui n’aurait pas encore répondu…
Selon nos informations, une centaine d’établissements serait candidats pour participer à cette expérimentation à l’échelle nationale. Quelques dizaines d'hôpitaux devraient être retenus pour un démarrage dès septembre.
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