Comment avez-vous mis en place la conciliation médicamenteuse ?
Nous développons depuis de nombreuses années une expertise en pharmacie clinique dans l’objectif d’optimiser la prise en soin pharmaceutique du patient. Dans ce contexte les pharmaciens réalisent des activités de conciliation, des bilans de médication partagés avec les professionnels de santé de la ville, des interventions, avis pharmaceutiques, des entretiens et des consultations pharmaceutiques. Notre objectif est de placer toutes ces activités au sein des services cliniques directement auprès des patients et des équipes médicales et paramédicales. Je rapporte ici le travail réalisé dans un service de médecine interne du CHU de Bordeaux. Les patients ciblés sont âgés (> 65 ans) et polymédiqués. Le pharmacien clinicien a pour rôle de placer le patient au cœur de son traitement et de l’ accompagner dans son parcours de soins jusqu’à son retour au domicile. L’analyse pharmaceutique est l’expertise essentielle aux différentes activités de pharmacie clinique permettant la réalisation d’un bilan de médication. Le lien ville-hôpital est également essentiel pour partager ce bilan. La réalisation des activités de pharmacie clinique directement dans les services cliniques possède des avantages indéniables, mais consomme aussi de la ressource humaine en pharmaciens seniors habilités. Nous avons dû nous adapter et avons décidé de senioriser des internes en pharmacie en réalisant une formation ad hoc qu’ils reçoivent avant d’intégrer l’équipe soignante. Les résultats de notre étude montrent 86 % de divergences non intentionnelles entre l’ordonnance à l’entrée et l’ordonnance à la sortie du service. Il est important d’arriver à traduire l’impact de ces divergences en score de gravité, mais également en « coûts épargnés » dans le cadre de la réduction des effets indésirables et notamment de leurs prises en charge.
Comment s’organisent les activités de pharmacie clinique entre les professionnels de santé de la ville et de l'hôpital ?
Dans l’idéal, nous oeuvrons pour que les pharmaciens d’officine avec le médecin généraliste du patient puissent nous fournir un bilan de médication partagé à l’entrée du patient à l’hôpital. Les informations contenues dans ce bilan sont capitales pour connaître avec précision les risques liés à la prescription médicale et nous permettre d’améliorer la sécurisation du parcours en soin du patient. Ensuite nous réaliserons nos activités de pharmacie clinique au sein des services, puis à la sortie en lien avec la ville. Au final, le patient est accompagné tout au long de son parcours en soin. Cette synchronisation des acteurs de santé nous permettrait de conduire nos activités de manière proactive. Enfin, il est important de conclure que les activités de pharmacie clinique doivent être évaluées sur un plan médico-économique afin d’être en mesure de bénéficier d’une ressource pharmaceutique suffisante, ce qui est loin d’être le cas actuellement, et surtout d’être en mesure de la développer tant au niveau de la ville que de l’hôpital.
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