Le milieu hospitalier n’a pas le monopole des erreurs évitables. Une étude nationale, baptisée ESPRIT (1), a été conduite auprès de 127 médecins généralistes (du réseau des GROG) afin d’identifier la fréquence des événements indésirables liés aux soins dans le secteur ambulatoire. Il s’avère que chaque généraliste connaît en moyenne un événement indésirable tous les deux jours.
Sur 13 438 actes recensés (dont 80 % de consultations), 475 erreurs ont été repérées (soit environ 3,5 % d’incidents). Quelles ont été les conséquences pour les patients ?
Incapacité temporaire pour un quart des patients
Dans 73 % des cas, la conséquence clinique est nulle. Une fois sur quatre tout de même, l’événement indésirable se solde par une incapacité temporaire (infection liée à un retard de traitement, effets indésirables d’un médicament...) ; 0,6 % débouche sur une incapacité définitive.
Les situations cliniquement graves (liées à un événement indésirable associé aux soins) sont rares : chaque omnipraticien en rencontre deux par an en moyenne, soit une estimation annuelle en population de l’ordre de 315 000 cas, précise l’étude. Dans le panel analysé, un patient hospitalisé est décédé. Âgé de 87 ans, insuffisant cardiaque, il n’a pu être vu à temps par un spécialiste. « Ce délai a pu contribuer au décès mais n’en est pas la cause directe », notent les auteurs.
Le manque d’organisation du cabinet (42 %) et de coordination avec les autres acteurs du système de santé (21 %) sont les premières causes d’erreurs évitables en médecine générale. Viennent ensuite la rédaction des prescriptions, la communication avec les patients, les défauts de mobilisation des connaissances et des compétences.
À noter : la moitié des problèmes observés surviennent en cabinet, un tiers au domicile, 3 % en EHPAD.
La Direction générale de l’offre de soins (DGOS), au ministère de la Santé, va réunir un groupe de réflexion pour cibler des actions de prévention. Les syndicats de médecins libéraux sont invités à faire des propositions.
(1) Etude nationale en soins primaires sur les événements indésirables.
Les travaux ont été coordonnés par le comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA).
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