Mi-mars, les médecins urgentistes des hôpitaux publics et privés de Marseille et Nice ont simulé une situation après un attentat chimique, avec le concours de 1 200 élèves de l'école de Police de Nîmes. Reportage.
On chante, on s’agite et on boit frais dans la « fan zone » lorsque soudain… Une bombe éclate. La foule crie, joue des coudes. Pompiers et personnes indemnes portent les premiers secours tandis que certains blessés parviennent à se jouer du cordon de sécurité formé par les CRS et les gendarmes mobiles qui tentent de confiner une zone frappée par cette attaque chimique.
Un premier sas pour faire le tri
Ce scénario catastrophe a été imaginé mi-mars à l’école de Police de Nîmes (Gard). Près de 500 professionnels de santé, pompiers et forces de l’ordre ont joué cet entraînement avec le concours de 1 200 figurants rassemblés au sein d’une ville imaginaire dans la perspective de l’Euro 2016.
L'objectif est d'assurer la meilleure coordination possible des secours et des soins en cas d'attaque chimique dans une de ces zones qui, à Marseille, devrait accueillir près de 40 000 supporters lors chaque match.
La plupart des blessés – victimes de brûlures des voies respiratoires donc sans blessures physiques apparentes – sont d'abord triés par le biais d'un « sas interservices ». Ici, les blessés sont déshabillés, lavés et décontaminés puis, si besoin, dirigés vers un établissement de soins.
Unités mobiles de décontamination
Dans le même temps, l'hôpital reçoit des « fuyards », selon le jargon des forces de l’ordre. Il s'agit en réalité de supporters eux aussi blessés, ayant devancé ou trompé le cordon sanitaire mis en place autour de la fan zone, juste après l’explosion.
À l’extérieur de l’hôpital – ici le dojo de l’école de police –, des tentes ont été dressées. « Il nous faut 45 minutes pour les monter et nous préparer », explique le Dr Nicolas Galiano, urgentiste au CHU de Nice. Ces « unités mobiles de décontamination hospitalière » ont une double tâche : décontaminer les blessés et éviter la propagation des produits toxiques à l’intérieur l'hôpital.
Pris en charge, le blessé est placé sur un brancard. Ses vêtements sont découpés par des soignants pourvus d’un masque à gaz qui les empêche de communiquer de vive voix. Ils sont vêtus d’habits hermétiques qu’ils se sont entraînés à enfiler durant une bonne partie de l’après-midi. « C’est un vrai sport ! Ça demande de la patience et ce n’est vraiment pas évident », confie une infirmière.
L'exercice et le réel
La tente accueillant les blessés avant leur entrée à l’hôpital est positionnée sur une pente légère de sorte que l'air et l'eau sont évacués dans le sens opposé à celui vers lequel est dirigé le patient. « La circulation d’air et la circulation d’eau sont pensées de telle sorte que la zone de sortie reste propre, et que l'établissement et son personnel soient préservés de la contamination », résume le Dr Galiano.
L'entraînement se déroule sans problème majeur et, malgré le sérieux de la situation imaginée, dans une ambiance bon enfant notamment du côté des victimes d’un jour.
Le Dr Galiano prend en revanche l'exercice et la menace très au sérieux d’autant qu’en situation réelle, outre le stress, des obstacles objectifs devront être surmontés. « L'hôpital le plus proche de l'Allianz Riviera à Nice est compétent pour les urgences mais il n'est pas en capacité d'accueillir un public blessé qui viendrait en nombre s'y faire soigner », précise l’urgentiste.
Dans une situation semblable à celle vécue lors des attentats du 13 novembre, ce sont l’ensemble des établissements de soins de la zone qui seraient mobilisés.
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