La fumée blanche commence-t-elle à sortir ? Alors que près de 300 praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) ont entamé une grève de la faim depuis une semaine pour dénoncer leur précarité et l’opacité du système de régularisation, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a tenté de calmer le jeu.
Lors d’une session de questions au gouvernement au Sénat jeudi 13 mars, le cardiologue a été interrogé sur la situation de ces praticiens, très remontés depuis la suppression de 20 % des postes initialement à pourvoir à l’issue des épreuves de vérification des connaissances (EVC) 2024.
« Les fédérations de Padhue dénoncent des critères d’admission opaques et arbitraires. On leur promet pour toute réponse une réforme du concours, qu’ils devront repasser encore une énième fois », relate la sénatrice de Haute-Garonne Émilienne Poumirol, membre du groupe socialiste, écologiste et républicain. « Nous devons gérer cette situation avec rigueur mais aussi avec humanité, a répondu le ministre de la Santé. Et il faut reconnaître que dans bon nombre de nos hôpitaux, jusqu’à 30 à 40 % du personnel hospitalier est représenté par des praticiens qui sont diplômés hors Union européenne ».
Le locataire de Ségur a commencé à tracer sa feuille de route. « Nous sommes pleinement mobilisés avec Catherine Vautrin sur ce sujet et nous avons rencontré l’ensemble des syndicats de Padhue, a-t-il assuré. Dans un souci de simplification, je vous proposerai très prochainement par voie réglementaire, de pouvoir améliorer la voie interne en associant les chefs de service, les présidents de CME, les doyens sur la validation sur le terrain de stage, comme nous le faisons actuellement dans nos hôpitaux pour internes », a-t-il annoncé dans la perspective des prochaines EVC 2025.
Ce n’est pas tout : dans un second temps, le ministre de la Santé promet un vecteur législatif pour 2026, travaillé avec les parlementaires, afin de « transformer le concours en examen ». L’objectif est de permettre à l’ensemble des Padhue qui ont réalisé et réussi leurs évaluations de connaissances de pouvoir exercer durablement et dans de bonnes conditions.
Le ministre fait de la politique politicienne
Dr Ayoub Mdhafar, président de la Fédération des praticiens de santé (FPS)
Sur le papier, les engagements de Yannick Neuder répondent aux revendications des collectifs de Padhue. Les uns plaident pour une régularisation sur dossier, tenant compte des avis des professionnels de santé encadrant ces praticiens sur le terrain depuis des années ; les autres appellent à transformer les EVC en un simple examen, où, dès lors que le candidat obtient la moyenne, il devient lauréat et peut enchaîner sur le parcours de consolidation des compétences (PCC).
Et pourtant, la méfiance reste de mise. « Le ministre fait de la politique politicienne, soupire le Dr Ayoub Mdhafar, président de la Fédération des praticiens de santé (FPS). Il a déclaré devant les sénateurs qu’il nous a reçus alors que pour l’instant, il n’a rencontré aucun syndicat représentatif des Padhue… ». « Comment le croire alors qu’il ment aux sénateurs en prétendant qu’il nous a vus ? », grince aussi le Dr Abdelhalim Bensaidi, président par intérim de l’association pour l’intégration des praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc).
Les Padhue se souviennent aussi des promesses faites par Emmanuel Macron en 2024, puis par Gabriel Attal, Premier ministre. « Ils avaient promis la régularisation rapide des Padhue pour nous sortir de la précarité et lutter contre les déserts médicaux en France. Qu’est-ce qui a été fait derrière ? Rien. On nous précarise encore plus avec le nouveau statut Pact (praticien attaché contractuel temporaire, ndlr) », souffle le Dr Bensaidi.
L’Ipadecc a lancé jeudi 13 mars une pétition en ligne pour la reconnaissance « pérenne » des compétences des Padhue exerçant en France et « qui contribuent à la continuité des soins ». Celle-ci a déjà recueilli plus de 300 signatures.
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