Pour Gérard Vincent, une réduction de l’emploi « intelligente » à l’hôpital public est inévitable. Ce qui ne l’empêche pas de tacler le secteur libéral – radiologues et cliniques.
« Il n’est pas choquant que l’hôpital perde des effectifs dans les années à venir au profit de l’ambulatoire. On ne se bat pas pour défendre des moyens mais une médecine de qualité » : le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent, qui est intervenu lors d’un café-débat à Paris, admet que son discours « ne passe pas très bien ». Mais, précise-t-il, c’est le rôle des fédérations hospitalières d’animer le débat national.
Avec des moyens en progression de 2,5 % et des charges qui augmentent de 3 %, l’hôpital public n’a pas mille cordes à son arc. Plaider le statu quo ? Irresponsable, tranche Gérard Vincent, qui appelle le gouvernement à parler vrai. « Le président de la FHF, Frédéric Valletoux, et moi ne cessons de répéter aux hospitaliers qui se plaignent qu’un ONDAM à 2,5 %, c’est déjà bien. Mais cela ne suffit pas. La seule solution, c’est une réduction de l’emploi. Il faut le faire de façon intelligente, sans dégrader l’offre de soins. »
Actes inutiles
Autre sujet de friction avec les syndicats hospitaliers : la FHF, endossant sa casquette d’employeur, appelle le gouvernement à ne pas remettre en cause le jour de carence en place dans la fonction publique depuis le 1er janvier 2012. « L’arrêt maladie inopiné désorganise le service. Il porte atteinte à la qualité des soins et dégrade les conditions de travail », expose Gérard Vincent. Le gouvernement, ne pouvant augmenter le salaire des fonctionnaires, songe à revenir sur cette mesure du quinquennat Sarkozy. « Aujourd’hui, nous plaidons partout, à Bercy et ailleurs : de grâce, ne supprimez pas ça ! »
Alors que le PLFSS prévoit une nouvelle baisse des tarifs des radiologues, Gérard Vincent ne les ménage pas. « Un jour, un radiologue retraité m’a dit : dans ma carrière, il y a 60 % d’actes que je n’aurais pas dû faire. J’ai discuté peu après avec deux éminents radiologues, qui ont rectifié : à leurs yeux, c’est 50 % des examens en radiologie qui n’ont pas lieu d’être. » Face à ce constat, que fait l’Assurance-maladie ? Pas grand-chose, accuse Gérard Vincent : « Le premier objectif de la CNAM, c’est de ne pas faire de vagues avec les médecins libéraux. Aujourd’hui, il ne se passe rien, et nous, contribuables, cotisons pour leurs intérêts. C’est une vision un peu caricaturale, mais il y a beaucoup de bon sens dans ce que je dis. »
Le poids des MIGAC.
Dernier règlement de comptes, avec les cliniques cette fois : le délégué général de la FHF, insistant sur les différentes missions des secteurs hospitaliers public et privé, demande que soit réduite la part des tarifs finançant les séjours au profit de l’enveloppe MIGAC (missions d’intérêt général et aides à la contractualisation). Sinon ? C’est la démobilisation assurée, met en garde l’ancien directeur des hôpitaux. « On reproche à l’hôpital d’être submergé au niveau des urgences, remarque-t-il. On nous montre du doigt, y compris au niveau politique. Ce n’est pas tolérable, alors qu’on fait le travail que les autres ne font pas. »
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne