Dans un livre blanc co-signé par l'union syndicale Avenir Spé-Le Bloc, l'assureur Branchet et la fondation Fondapro (placée sous l’égide de la Fondation de France et composée de praticiens, juristes et associations de patients), un collectif de médecins spécialistes libéraux et d'établissements de santé privés formulent des pistes pour amortir le choc des crises sanitaires et gérer les déprogrammation de soins (médecine et chirurgie).
En 2020, avec le déclenchement du plan blanc, les déprogrammations de soins dans les hôpitaux et cliniques ont entraîné « de nombreuses conséquences négatives pour les patients », selon le collectif signataire du Livre blanc. S'appuyant sur une enquête de l'association UFC-Que choisir, il avait été constaté que 74 % des opérations initialement prévues en mars 2020 et avril 2020 avaient été annulées. Une deuxième enquête avait démontré que 39 % des opérations prévues entre mars 2020 et mars 2021 n'avaient toujours pas été réalisées en avril 2021. À titre d'exemple, l'institut Gustave Roussy – qui avait vu son activité de transplantation rénale chuter de 30 % en 2020 – prévoit « plus de 130 000 cancers surnuméraires dans les cinq années, du fait du retard des dépistages et prises en charge ».
De nouveau à l'ordre du jour avec la cinquième vague, ce principe des déprogrammations de soins non urgents doit être revu sans délai car « toutes ne sont pas nécessaires », plaide le collectif. C'est notamment le cas pour les cliniques qui n’ont pas de service de réanimation, elles aussi contraintes de reporter les rendez-vous de consultations « alors qu’elles pourraient accepter les patients déprogrammés par celles qui ont de tels services ».
Guide de bonnes pratiques par spécialité
Pour doser ces déprogrammations, délétères pour les patients, le collectif recommande de mettre en place « un système de gestion des soins en ville et à l'hôpital qui agit à la fois sur l'offre et la demande ». Pour cela, il faut passer « d'un modèle purement administratif » de pilotage des déprogrammations à « un modèle médicalisé, inspiré par les sociétés savantes, intégré dans un plan blanc plus spécifique aux types de crises pandémiques, et plus flexible, afin de donner une marge de manœuvre suffisante aux professionnels de santé de terrain ».
De fait, des guides de bonne pratiques par spécialité devraient être élaborés pour guider la décision médicale. Le collectif suggère de réformer le plan blanc pour qu'il soit spécifiquement adapté aux types de crise sanitaire et de confier la décision de déclenchement à une cellule régionale, « après concertation avec les établissements et des professionnels de santé ».
Pour gérer au mieux ces déprogrammations, les professionnels de santé devraient enfin avoir plus d'autonomie. Au lieu de fixer un taux de reports de consultations, « il serait préférable de transmettre un besoin quantitatif de prise en charge de patients Covid ».
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