L'un arrive, l'autre part bientôt. Le nouveau ministre de la Santé François Braun a inauguré ce mercredi (à distance) les Universités d’été de la Fédération hospitalière de France (FHF). Ce sont en revanche les toutes dernières de son président actuel, Frédéric Valletoux, qui quittera définitivement ses fonctions le 21 septembre après 11 ans passés à la tête de la puissante fédération hospitalière.
Après 11 ans de présidence de @laFHF et des événements exceptionnels traversés, j'ai plaidé pour l’unité de la communauté hospitalière, qui, en bâtissant des projets collectifs, a réussi à surmonter les plus grandes crises, de long comme de court terme. Merci pour votre hommage. pic.twitter.com/mGf5P60bHU
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) September 7, 2022
En visio depuis Prague, où il participait au conseil des ministres de la Santé de l’Union européenne, François Braun a donc repris le thème choisi par la FHF cette année : « états d’urgence(s) ». Pour le ministre, si l’état d’urgence sanitaire s'efface, un autre état d’urgence « plus invisible, plus insidieux, touche l’ensemble de notre système de santé », qu’il s’agisse des problèmes d’accès aux soins ou de la « difficulté de beaucoup de soignants à exercer leur mission ».
Et c’est justement « grâce à l’effort de professionnels engagés » que « nous avons ensemble tenu cet été », a salué François Braun. S’il est encore un peu tôt pour tirer un bilan de la mission flash sur les urgences et pour annoncer les mesures qui seront pérennisées, le ministre a donné un avant-goût des décisions à l'étude.
La régulation préalable généralisée ?
De fait, certaines mesures sont jugées « plus intéressantes » que d’autres, notamment la régulation médicale préalable aux urgences et le déploiement du service d’accès aux soins (SAS) qui ont des résultats « positifs », selon l’ex-président de Samu-Urgences de France (SUdF). Car si les appels ont bien augmenté dans les Centres 15, « il y a eu une diminution du nombre de passages aux urgences cet été », estime François Braun qui en déduit que nous sommes « dans une logique qu’il serait de bon ton de pérenniser ».
Autre mesure de la mission flash qui a les faveurs du ministre : « la reconnaissance de la pénibilité, en particulier la pénibilité du travail de nuit » qui permettra, à terme, d’améliorer la qualité de vie au travail des blouses blanches. D’autres mesures, comme « le partage de la pénibilité de la permanence des soins entre établissements publics et privés » n’ont pas eu le temps de se mettre véritablement en place, et donc de faire leurs preuves.
Faire tomber les barrières
Sur un plan plus global, le ministre a tracé les grandes lignes de sa stratégie. Première priorité affichée, la lutte contre toutes les inégalités d’accès à la santé, « qu’elles soient géographiques, sociales, liées à une situation de fragilité, comme le handicap, ou financières ». Il faudra ensuite donner aux professionnels de santé les outils pour « répondre aux besoins de santé » dans chaque territoire, et rompre avec la logique actuelle centrée sur l'offre. Sur ce point, il s’est engagé à lancer « des actions très concrètes » pour améliorer l’attractivité à l’hôpital et des métiers du soin. Ce chantier passe par le renforcement du travail en équipe, du temps soignant supplémentaire mais aussi par de « nouvelles passerelles entre la ville et l’hôpital pour faire tomber ces barrières trop persistantes ».
A cet égard, le décloisonnement en profondeur du système de soins, notamment entre la ville et l’hôpital, est aussi érigé en priorité pour « simplifier les parcours de soins et traiter les enjeux de santé dans leur ensemble ». Pour le ministre, il faut viser « un monde de fonctionnement solidaire et unifié » pour assurer « une prise en charge de la santé dans sa globalité, au plus près des besoins des territoires ». Son horizon sera donc double : « traiter l’urgence de notre système de santé et le préparer pour l’avenir ».
Réformer, maintenant ou jamais ?
Pour Frédéric Valletoux en tout cas, « nous sommes au pied du mur ». Car si ce quinquennat n’est pas celui des « réformes systémiques », notre système de santé « sera définitivement fragilisé », a alerté le président de la FHF sur le départ. D'après le nouveau député Horizons, les réformes du secteur ont été trop longtemps « esquivées ». « Et plus on attendra, plus cela sera un remède de cheval », avertit Frédéric Valletoux qui a encore, début septembre, dans un entretien remarqué aux « Echos », prié les médecins libéraux de porter davantage « le fardeau de l'intérêt général », ravivant la polémique récurrente sur les gardes ou la liberté d'installation.
Le maire de Fontainebleau voit deux chantiers prioritaires à conduire : l'attractivité des métiers du soin, indispensable pour recruter et fidéliser les professionnels, et la réforme de la construction du système de financement pour ne pas être « sous la pression permanente d'arbitrages ». Mais dans un contexte budgétaire très contraint, « répartir différemment les modalités de financement va secouer et déplaire à certains acteurs du système ». Cette fois, Frédéric Valletoux a préféré ne pas les nommer directement…
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